« Grâce aux données, on peut transformer la santé » – Thierry Chiche, Elsan
Lors d’un entretien avec Carlo Purassanta, Président de Microsoft France, Thierry Chiche, CEO et Président Exécutif d’Elsan, a analysé les impacts du numérique sur le secteur de la santé. Données, sécurité, collaboration, intelligence artificielle… tous les sujets clés du moment ont été évoqués. Découvrez le compte-rendu des meilleurs moments de cet entretien ci-dessous.
THIERRY CHICHE
CEO et Président Executif, ELSAN
Pouvez-vous nous présenter Elsan, sa mission, et les enjeux de transformation ?
Elsan, c’est 25 000 collaborateurs, c’est 6 500 médecins, qui soignent plus de 2 millions de patients en France, chaque année dans nos 120 cliniques et hôpitaux privés.
La santé, c’est un très beau métier, c’est un métier qui a du sens. On a la sensation et la satisfaction de contribuer à soigner les gens tous les jours. Mais c’est aussi un métier qui oblige à donner le meilleur à nos patients. D’un point de vue humain bien sûr, mais aussi en terme d’innovation.
Chez Elsan, pour apporter le meilleur aux patients, on fait le pari de faire des partenariats avec les meilleurs, et c’est pour cela qu’on a choisi de s’adresser à Microsoft.
On parle beaucoup d’innovation. Qui dit innovation dit données, et quand on dit données dans la santé, on pense sécurité. Comment arrivez-vous, chez Elsan, à garder l’équilibre entre l’importance de la donnée et la sécurisation de celle-ci ?
J’avoue que j’aime beaucoup la définition du digital qui est : « Transformer le monde en données pour que, grâce aux données, on transforme le monde ». Finalement, ça s’applique aussi à la santé : transformer la santé en données pour que, grâce aux données, on transforme la santé.
Il y a plein d’applications formidables grâce aux données. Aujourd’hui, par exemple, on digitalise les dossiers patients, qui permettent de concentrer les constantes, les mesures, et tout ce qui a été fait sur chaque patient lors d’une hospitalisation. Cela permet de faciliter le diagnostic, ce qui est extrêmement positif. Mais pour autant, il faut vraiment préserver cette sécurité des données car elles sont extrêmement précieuses et confidentielles, peut-être encore plus que dans d’autres secteurs.
C’est aussi pour cela que le fait de travailler avec un acteur comme Microsoft, qui nous donne cette garantie de confidentialité (à travers la certification hébergeur de données de santé (HDS) reçue en novembre 2018) est très important pour nous.
il faut vraiment préserver cette sécurité des données car elles sont extrêmement précieuses et confidentielles, peut-être encore plus que dans d’autres secteurs
Quand on parle d’innovation, on parle aussi de collaboration, alors j’imagine qu’au niveau d’un établissement, mais aussi entre établissements, il est essentiel de travailler de façon plus efficace, optimisée. Comment cela va-t-il changer le travail ?
Le cloud permet de prendre en compte une réalité évidente: c’est qu’un patient n’est pas rattaché à un établissement de santé. Au cours de sa vie, ou même de son parcours de soin, il va pouvoir fréquenter plusieurs établissements. Le fait d’avoir ces données, ces informations sur le cloud, permet de fluidifier le parcours et de transmettre l’information de manière simple et fiable entre les différents acteurs de soin.
Cela permet aussi au patient d’être reconnu dans son parcours. Le patient a alors la sensation d’être bien porté par les processus de l’établissement.
Dernière question : l’intelligence artificielle, on en entend beaucoup parler, comment voyez-vous l’IA transformer encore vos métiers dans le futur ?
On a commencé à travailler sur ces sujets-là sur la base des dossiers patients informatisés. Ces derniers agrègent beaucoup d’informations concernant chaque patient. On commence maintenant à faire tourner des algorithmes d’intelligence artificielle sur cette base pour identifier les diagnostics principaux.
L’IA est une aide pour l’humain, mais cela permet surtout d’identifier les comorbidités associées, c’est à dire les pathologies périphériques qui, combinées au diagnostic principal, peuvent permettre de mieux soigner les patients. Par exemple, pour un patient qui se fait opérer et qui souffre aussi de dénutrition, il est important d’identifier cette condition pour lui donner le bon traitement. S’il a des carences en vitamines par exemple, ou autres, c’est aussi très important de le savoir.
L’intelligence artificielle, finalement, permet de compléter l’analyse d’une information que le cerveau humain ne peut plus gérer. Donner le bon cadre au médecin pour avoir tout le contexte nécessaire pour mieux travailler.