« La technologie doit servir la vision du monde que nous souhaitons pour demain »

Temps de lecture : 4 minutes

Mobilisations citoyennes, tech for good, rôles et missions de la tech européenne… À l’occasion d’Envision | The Tour Paris 2019, Carlo Purassanta nous a livré sa vision des grandes transformations tech et business pour l’année à venir.

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Carlo Purassanta

Président de Microsoft France

Nous connaissons depuis quelques mois une montée en puissance de la mobilisation citoyenne en faveur du climat. Comment cela affecte-t-il une entreprise telle que Microsoft ?

Je suis particulièrement impressionné par la jeunesse, par son engagement. Leur mobilisation pour le climat notamment, autour de Greta Thunberg. Ces jeunes nous donnent une leçon sur la vertu et sur des valeurs que nous avions tendance à oublier.

Je n’ai pas le souvenir d’avoir été aussi engagé à leur âge. À l’époque où je démarrais ma vie professionnelle, les arguments pour accepter un poste étaient le salaire, la voiture de fonction, les perspectives d’évolution… Les millenials, eux, veulent connaître l’impact des entreprises. En entretien d’embauche, ils nous évaluent, ils demandent si nous avons mis en place des KPIs pour mesurer notre impact. C’est nous qui passons un entretien de recrutement !

Je pense que ce changement de paradigme est une opportunité, un call-to-action. C’est le moment de nous interroger sur le monde que nous voulons bâtir. Est-ce que nous sommes prêts à produire des innovations qui respectent l’humain et l’environnement, qui favorisent l’égalité plutôt que de créer des inégalités ? Les jeunes nous mettent au défi de prendre nos responsabilités et de faire de l’innovation un outil au service d’un monde souhaitable.

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Quel rôle peut jouer la tech dans ce contexte ?

Le rôle de la tech est essentiel, il est majeur. Mais bien sûr, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait déjà Rabelais au XVIe siècle… La technologie doit surtout augmenter l’humain et servir la vision du monde que nous voulons pour demain. C’est pour cela que chez Microsoft nous nous engageons dans les grands sujets qui nous tiennent à cœur.

Ainsi, cette année, dans le cadre du programme Share AI, les collaborateurs de Microsoft France ont pu donner 3 jours de leur temps à un projet dans lequel ils croyaient. Quel que soit leur métier, 85 collaborateurs ont accompagné 12 entreprises à caractère social ou associations à s’emparer de l’IA pour se développer. Parmi ces organisations, je peux citer Enercoop par exemple. Cette jeune pousse transforme complètement la manière dont une entreprise peut vendre de l’énergie. Non seulement c’est une énergie propre à 100 %, mais en plus ils accompagnent leurs clients à modérer leur consommation ! C’est une approche résolument nouvelle.

Accompagner ces transformations du monde est aussi l’une des ambitions de Microsoft for startups. Nous proposons des solutions technologiques pour une startup dans la santé notamment. Ad Scientiam par exemple, qui proposer une nouvelle approche pour étudier la sclérose en plaque. Grâce à la data, ils sont capables de modéliser la maladie et ses différentes étapes pour mieux la traiter. Voilà une solution qui repose sur la technologie et qui aura demain un impact sur la vie de dizaines de milliers de patients.

Mars 
09
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Comment les entreprises européennes peuvent-elles réussir ?

C’est bien simple, à l’heure actuelle, toute l’attention du monde et des médias est focalisée sur les États-Unis et la Chine. Et pour cause, ces deux géants déploient deux modèles de production et d’innovation qui sont redoutables. L’un est entièrement basé sur les marchés financiers et porte une innovation toujours très ambitieuse. La Chine, elle, avec son approche beaucoup plus étatiste, avance à une vitesse encore supérieure en termes d’innovation. Ils ont une vision très claire des industries dans lesquelles ils souhaitent se développer. Ces deux marchés sont en mesure de conquérir des milliards de clients, très vite, y compris en Europe.

Je crois que ces moments de transition sont toujours aussi des moments de grandes opportunités. Et pourtant, à l’heure où les publics réclament plus de respect de l’environnement, un comportement éthique dans le traitement des données, le respect de la vie privée… seule l’Europe est en mesure de le réaliser. L’Europe a su imposer de nouvelles contraintes pour protéger les individus dans un monde qui se transforme, avec le RGPD notamment. À nous d’inventer des nouveaux standards positifs d’innovation, de nouveaux usages, des services que nous pourrons exporter demain.

Qui va imaginer les nouvelles expériences dans l’énergie, la mobilité, la banque ? Le risque est que cela vienne d’ailleurs. Soyons-en la locomotive.

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Comment les entreprises européennes peuvent-elles se démarquer ?

D’abord, le monde économique d’aujourd’hui est dominé par la donnée. Elles viennent de partout et face à cette profusion, aucune entreprise, et j’inclus ici Microsoft, ne peut avoir accès à toutes leurs sources. Pour innover face à des acteurs de plus en plus puissants, il faut aussi des moyens financiers colossaux. C’est pourquoi la clé, pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, est de s’allier à d’autres acteurs dans le cadre de consortiums, en travaillant en écosystème.

C’est une pratique que nous appliquons chez Microsoft, en nouant des partenariats avec des acteurs publics comme privés et en menant des stratégies d’innovation avec les start-up qui veulent travailler avec nous.

Le second point clé est celui de la formation. En moyenne, chaque collaborateur bénéficie de 2 jours de formation par an, 5 tout au plus. Ça n’est pas suffisant dans la tech, où certains métiers nécessitent plutôt 40 jours par an. Chacun de nous doit pouvoir se remettre en question régulièrement et se former aux nouveaux paradigmes. C’est le rôle de l’Éducation nationale, bien sûr, mais c’est aussi le nôtre en tant qu’acteur majeur du numérique. C’est ce que nous proposons en lançant des programmes de formation aux technologies, envers tous les publics. Pour que les collaborateurs puissent faire advenir les innovations qu’ils souhaitent.

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