Les applications numériques au service de l’accessibilité
Permettre à une personne malvoyante, à un chinois qui ne parle pas Anglais et à un français dyslexique de participer à une réunion à la fin de laquelle tout le monde a le même niveau d’information ? C’est possible, grâce aux applications universelles, conçues pour répondre aux problématiques d’accessibilité.
Quel est le point commun entre une télécommande, un régulateur de vitesse et les écrans d’affichage présents dans les aéroports ? Pas évident, n’est-ce pas ? Ces trois innovations ont initialement été inventées pour répondre à des problématiques liées au handicap. Philippe Trotin, Directeur Handicap et Accessibilité chez Microsoft France, raffole de ces anecdotes et ajoute concernant la dernière “qu’elle est issue de la technologie de sous-titrage pour les personnes malvoyantes !”
Des applications universelles
Lui qui souffre de troubles dysorthographiques et dont la mère est non voyante œuvre pour le déploiement d’applications inclusives. Il préfère d’ailleurs le terme “universel” car selon lui “c’est bien le fait de penser la conception d’un service pour le plus grand nombre qui permet ensuite la démocratisation de son usage”. Or, depuis sa création, Microsoft s’est fixé pour mission de donner les moyens à tous les individus et organisations de réaliser leurs ambitions.
Une méthode de design
Pour y parvenir, les services développés respectent la méthodologie dite inclusive design. Formalisée en 2014, elle consiste à se mettre dans la peau d’utilisateurs aux usages singuliers. Ceux d’une personne non voyante par exemple. On identifie ses difficultés pour trouver des solutions qui peuvent être étendues à tous les utilisateurs. Pour Philippe Trotin, c’est la définition même de l’accessibilité. “Il s’agit d’offrir une multiplicité de moyens pour que tout le monde puisse réaliser les mêmes actions”.
C’est particulièrement vrai au cœur des entreprises qui souhaitent assurer l’égalité des chances de leurs talents et qui doivent respecter des contraintes réglementaires concernant l’accessibilité de leurs services. Pour ce faire, voici cinq applications et technologies universelles développées par Microsoft.
Seeing AI
C’est en 2015 que commence l’aventure Seeing AI. Lors d’un hackathon organisé par Microsoft à Seattle, Saqib Shaikh, un développeur anglais non voyant, crée une application mobile adaptée à ses propres besoins. Grâce à des algorithmes de reconnaissance d’image et de texte, celle-ci est capable de lire un texte qu’elle voit à la caméra ou de scanner un code barre pour obtenir une description vocale du produit. Elle peut même décrire une personne en donnant son âge, sa couleur de cheveux voire son nom si son contact est enregistré dans le téléphone. Très simple d’utilisation, il suffit de passer son doigt sur l’écran tactile et le tour est joué !
Disponible en France et gratuite, Seeing AI a été développée avec l’association Valentin Hauy, une des plus grandes associations qui vient en aide aux aveugles et malvoyants. Philippe Trotin explique que “l’application peut être utilisée en entreprise par des personnes non voyantes ou ayant des difficultés à lire, renforçant ainsi leur autonomie et leur employabilité”.
Microsoft traducteur
Un logiciel de traduction ? À priori, rien de révolutionnaire. Sauf qu’avec Microsoft Traducteur, l’utilisateur peut s’exprimer à haute voix pour avoir une retranscription écrite instantanée dans une autre langue ou encore soumettre une photo pour obtenir une description orale. Le traducteur inclut également une technologie de conversation qui permet de collaborer à plusieurs. Philippe Trotin précise que “chaque participant s’exprime dans sa langue via son téléphone, à l’écrit ou à l’oral, et tous les autres jouissent de la traduction instantanée !” On brise ainsi la barrière de la langue.
Pour parvenir à cette prouesse, Microsoft alimente l’algorithme avec au moins 300 000 mots pour chaque langue. Les algorithmes sont aussi capables d’analyser leur propre transcription en temps réel, pour proposer des phrases correctes d’un point de vue syntaxique. Des entreprises comme Total ou Schneider Electric l’utilisent déjà et comptent l’étendre à l’ensemble de leur groupe.
Office Lens
“C’est un scanner de poche génial !” s’exclame Philippe Trotin. L’utilisateur prend une photo et l’application corrige immédiatement les problèmes de cadrage ou de parallaxe. En entreprise l’application permet ainsi de découper et d’optimiser les photos de tableaux blancs ou de documents. Ils sont ainsi plus lisibles sur un ordinateur.
Office Lens corrige une image
One Note
One Note est un environnement en ligne qui permet d’insérer et d’organiser toutes ses notes : textes manuscrits, sons, captures d’écran ou encore des photos… prises avec Office Lens bien sûr. Le logiciel jouit également d’un lecteur immersif qui permet de personnaliser l’affichage du texte pour tous les besoins. Pour des personnes dyslexiques, il est ainsi possible de grossir le texte ou la taille des interlignes. En entreprise, des personnes porteuses d’autisme bénéficient d’un imagier qui apporte une information visuelle supplémentaire grâce à un simple clic sur les mots.
Enfin, la colorisation grammaticale automatique met en évidence les différentes classes de mots : verbes, noms, adverbes… “C’est ainsi un outil parfait pour l’apprentissage scolaire, car 6% des élèves sont dyslexiques” ajoute Philippe Trotin. Plébiscité par différents dispositifs d’accompagnement pédagogiques, Microsoft travaille au déploiement de One Note avec plusieurs académies. Marseille et Dijon ont déjà répondu favorablement.
One Note colore les mots selon leur classe grammaticale.
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Teams
Teams est la plateforme de communication collaborative de Microsoft qui permet de partager et de créer en équipes. Chacun l’utilise selon ses préférences ou handicaps sans que cela ne change l’expérience des autres interlocuteurs. Cette plateforme rassemble tous les outils de Microsoft. Ainsi, un document texte créé sur Teams bénéficiera des paramètres de One Note. L’outil traducteur peut scripter et traduire les visioconférences. Les personnes mal voyantes peuvent naviguer facilement grâce aux fonctionnalités de Seeing AI. Le plus ? Une seule application à télécharger et la même application pour tous, quelles que soient ses différences.
Et pour éviter la surcharge cognitive qu’ils pourraient entraîner, Philippe Trotin précise que Microsoft travaille sur l’ergonomie des applications. Objectif : “réduire les nuisances causées par les notifications et ainsi éviter les distractions”. À terme, Microsoft entend offrir les mêmes technologies aux 12 millions de citoyens en situation de handicap et aux personnes valides… Une vision universelle et enthousiasmante !