Comment l’IA augmente les RH ?
Recrutement, formation, qualité de vie au travail… l’intelligence artificielle permet aux services RH d’améliorer considérablement leurs résultats mais aussi le bien-être des collaborateurs. Conseils de notre expert.
Christophe Rit
Architecte Solutions Commerce & Distribution
Fichage des candidats, recrutements réalisés par des algorithmes biaisés, lecture des e‑mails envoyés… Voilà le scénario catastrophe souvent imaginé quand nous pensons à la rencontre entre intelligences artificielles et ressources humaines. Le problème est que cette vision est très éloignée de la vérité car, bien loin de ces dérives, l’IA représente de formidables opportunités pour rendre le travail des RH, comme celui de tous les collaborateurs, plus efficace.
Pour nous en convaincre, Christophe Rit, architecte innovation chez Microsoft France, nous présente les atouts offerts par les algorithmes pour mieux recruter, faire grandir les talents, améliorer la qualité de vie au travail ou encore développer une culture d’entreprise qui intègre l’IA.
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Recruter la perle rare
Trouver le mouton à cinq pattes. C’est la difficile mission souvent assignée aux RH lorsqu’ils doivent recruter un nouveau talent aux compétences rares. Dans cette situation, la prospection s’avère longue et fastidieuse. Face à ce défi, l’IA entre en scène et permet d’analyser instantanément, et dans le détail, un volume important de profils. Outre le gain de temps, l’IA est en mesure de révéler au responsable de recrutement des profils exceptionnels ou atypiques qui n’auraient pas été identifiés autrement.
À ce sujet, Microsoft est le partenaire technologique de l’entreprise Pipler pour mettre la puissance du cloud Azure au service du sourcing. Pipler agrège l’ensemble des données publiques d’un candidat potentiel comme ses évolutions de postes, les articles qui le mentionnent… Grâce à ces informations, récoltées notamment sur LinkedIn, l’IA regroupe les profils similaires et détermine la probabilité qu’un individu a de réaliser une mobilité. Pour les RH, le clustering est l’opportunité d’identifier des profils en devenir et de focaliser l’effort dans la conception de trajectoires de carrière.
Christophe Rit en est convaincu, “l’IA est un formidable outil à disposition des RH pour identifier les meilleurs profils”. C’est également l’objet du projet mené avec l’agence d’intérim Manpower où des candidats réalisent peuvent passer un premier entretien d’embauche avec un recruteur virtuel. Les services cognitifs éduqués par Microsoft sont alors capables d’analyser le vocabulaire employé ou l’état émotionnel du candidat pour réaliser un filtre de sélection objectif. Christophe Rit précise ici que “l’IA ne réalise aucune discrimination quant à l’âge, au genre ou à la couleur de peau car ces critères ne sont même pas intégrés à la solution.”
Rendre l’entreprise plus accessible
L’inclusion est une priorité des entreprises. Celle-ci passe tout d’abord par une gestion fine des situations de handicaps. Pour Christophe Rit, assurer une parfaite accessibilité est “un défi pour lequel l’IA révèle toute sa valeur ajoutée.”
Telle une boussole numérique, Microsoft Soundscape utilise des indications sonores différentes pour guider les personnes malvoyantes ou aveugles dans leur environnement. Christophe Rit précise qu’avec de simples oreillettes et un téléphone portable “les utilisateurs choisissent les itinéraires les plus adaptés à leurs besoins et se déplacent en toute autonomie, y compris au sein des bâtiments ou des salles de réunion.”
Dans le domaine de l’accessibilité numérique, l’application gratuite Seeing AI, installée sur un téléphone, fournit une retranscription audio en temps réel des éléments visibles, de texte, ou de personnes.
Pour les mal entendants ou encore les handicap situationnel lié à la non maitrise d’une langue, l’application Microsoft Traducteur est capable de réaliser des sous-titrages instantanés des prises de paroles.
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Faciliter la formation et le partage de connaissances
“La formation n’est qu’un épiphénomène dans l’apprentissage des collaborateurs !” Cette formule de Christophe Rit rejoint les travaux menés en sciences cognitives qui démontrent que 70% de l’apprentissage se fait par la mise en pratique des acquis, 20% via les conseils informels des autres collaborateurs et 10% seulement au cours de formations formelles. Or, Christophe Rit considère que “malheureusement les RH sont trop souvent sollicitées pour élaborer des catalogues de formations qui, une fois terminés, se révèlent obsolètes !”
C’est pourquoi Microsoft a conçu le projet Cortex, un graphe de connaissances qui rend accessible sans effort tout le savoir accumulé par l’entreprise aux collaborateurs. Une lecture automatisée du patrimoine documentaire centralisé sur Office 365, par des méthodes d’analyse sémantique, éduque l’IA sur le sens des vocabulaires métiers. Si un ingénieur consulte un document issu d’une autre entité et ne comprend pas un acronyme, Cortex pourra immédiatement lui donner sa signification issue sans doute d’un autre document.
Christophe Rit souligne que c’est une véritable révolution dans l’apprentissage, car d’une part Cortex donne vie au concept de learning by doing et “grâce à lui, la connaissance va aux collaborateurs et non pas seulement l’inverse.” En effet, ils ne se forment plus uniquement dans des temps consacrés spécifiquement à la formation, mais tout le temps, à leur poste de travail. Les pénibles efforts de recherche sont supprimés et la charge cognitive subie par les collaborateurs diminue, ce qui améliore du même coup la qualité de vie au travail.
Améliorer la qualité de vie au travail
Une excellente qualité de vie au travail est un critère essentiel pour les collaborateurs dans leur choix de rejoindre et de rester dans une entreprise. La preuve : 56 % des Français considèrent l’ambiance de travail comme un critère principal dans leur choix de leur employeur (employer brand Research Randstad 2019).
L’apprentissage machine (ou machine learning) est un moyen d’anticiper les phénomènes qui se reproduisent dans le temps comme par exemple le taux d’occupation d’un parking ou les réservations.
Dans l’exemple cité par Christophe Rit : “si un collaborateur programme une réunion en urgence dans l’après-midi sur son lieu de travail, l’IA pourra lui indiquer la disponibilité des salles et si une place de parking sera disponible à l’heure où il arrivera.” L’IA permet d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle en levant les contraintes de transports dans les scénarii de flexibilité.
Pour Christophe Rit, “l’IA est là pour supprimer de nombreux irritants du quotidien et faciliter grandement la vie des collaborateurs, par exemple, demain, en prenant les notes en réunion à leur place.”
Insuffler une culture IA au sein de l’entreprise
Qu’est-ce qu’une culture IA ? Pour Christophe Rit, désormais, “chaque collaborateur doit pouvoir interagir avec les algorithmes… Or, aujourd’hui, moins de 1% de la population est capable d’en développer !”
Heureusement, pas la peine d’être un codeur professionnel pour pouvoir utiliser les applications d’intelligence artificielle. Si on comprend l’intérêt que les IA peuvent apporter, et que nous sommes ouverts au changement, alors tout est permis. Une seule condition : que les éditeurs de logiciels développent des outils simples à manipuler pour les collaborateurs et que les RH favorisent leur adoption.
Cette acculturation du plus grand nombre à l’IA est aujourd’hui rendue possible par AI Builder, une plateforme qui permet d’ajouter des fonctionnalités d’IA aux applications mobiles. Par exemple, chez PepsiCo, les collaborateurs ont “appris” à leur téléphone à analyser les rayonnages pour connaître immédiatement le nombre de bouteilles encore disponibles. La complémentarité de l’IA et de l’expertise des collaborateurs permet alors d’optimiser les tâches réalisées.
Le rôle des RH ici est essentiel : accompagner le changement et encourager l’usage de ces nouvelles méthodes de travail.