Santé digitale, de quoi s’agit-il ?
Depuis plusieurs années, tech et santé s’allient pour contribuer à une meilleure prise en charge du patient. Recherche, aide au diagnostic et traitement, autant de sujets abordés par la santé digitale.
Santé digitale, qu’est ce que c’est ?
La santé digitale est un concept très vaste couvrant un large choix de thématiques et aux contours encore flous. Si l’on s’en tient à la définition proposée par la Commission européenne, la santé digitale est « l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à l’ensemble des activités en rapport avec la santé ».
Ainsi, la santé digitale est considérée comme l’équivalent de l’innovation technologique dans le domaine de la santé. Cela va de la gestion hospitalière jusqu’à l’utilisation d’applications de santé et de tracking, en passant par le dossier médical partagé et la télémédecine. La santé digitale implique donc une multitude d’acteurs aux profils très divers : patients, professionnels de santé, industriels, établissements de soins, assureurs, etc.
Santé digitale : les 4 pilliers de l’innovation et de la transformation du secteur
Ces dernières années, la transformation du secteur de la santé digitale s’est fortement accélérée. Pour Charles Calestroupat, Directeur de la division Secteur Public, Santé, Défense, Transport de Microsoft France, 4 innovations sont à suivre de près.
1. La santé digitale permet au patient de devenir acteur de son parcours de soins
Il existe des solutions d’accompagnement des patients à distance. Ces solutions permettent de surveiller que tout va bien, via du monitoring des symptômes, mais aussi de prévoir un traitement à distance. Ainsi, l’application Hillo.ai est capable de prédire les variations futures du taux de glycémie des personnes diabétiques, et de les alerter en conséquence. “L’idée c’est de pouvoir donner au patient de l’information pour pouvoir être aiguillé dans son parcours, explique Charles Calestroupat. Ceci permet également, dans certains cas, de décharger les services d’urgences. »
Microsoft a également collaboré avec les hospices civils de Lyon à la mise en place d’un health bot. Cet agent conversationnel a permis de faire une pré-orientation des patients. En fonction de la gravité des symptômes décrits, ils vont pouvoir être orientés vers un médecin généraliste ou un service d’urgence. “Avec cet agent conversationnel, on a pu apporter le bon niveau d’information au patient. Et cela a permis de contribuer à éviter la saturation des centres d’appel ou des services d’urgence des hôpitaux”, se félicite Charles Calestroupat.
2. Des échanges plus fluides entre les professionnels de santé et les patients
La téléconsultation est devenue indispensable pour les patients et les médecins depuis le début de la crise sanitaire. Les outils de collaboration comme Teams ont favorisé le recours à la télémédecine, comme au CHRU de Nancy. L’Institut Curie a également déployé Teams pendant la crise, pour transformer ses pratiques et assurer la continuité des soins. Ces outils permettent aussi une meilleure collaboration entre professionnels de santé. Ainsi, les laboratoires Servier ont déployé Teams pour 22 000 utilisateurs en 10 jours !
De ce fait, facilité la collaboration entre les acteurs de la santé contribue aussi à faire avancer la médecine. Qu’il s’agisse de prendre en charge un patient ou pratiquer une chirurgie, cette pluridisciplinarité est essentielle. Elle améliore considérablement la prise de décision et le suivi des patients.
3. Des processus métier et industriels optimisés par la technologie
C’est à la technologie de se mettre au service de la santé, et non l’inverse ! Pour cela, Microsoft propose des solutions cloud (SaaS) et même des outils de type low code ou no code. Power Platform permet de développer des applications en un temps record, quasiment sans écrire une seule ligne de code. De quoi économiser du temps et de mettre l’innovation à la portée de tous.
● Des solutions agiles pour répondre aux urgences médicales
Grâce à ces solutions cloud, Resah et Microsoft ont développé un outil pour gérer la distribution de matériel médical pendant le premier confinement. “C’était très important de réussir à distribuer de manière équitable ce matériel dans plus de 10 000 établissements, explique Charles Calestroupat. On a permis au Resah de créer une application from scratch et disponible en seulement 3 semaines.” L’application a permis d’absorber les pics de trafic de l’ordre de 200 000 utilisateurs. Une aide précieuse pour maintenir des hôpitaux à flots dans un contexte de crise sanitaire.
“Ces solutions permettent d’optimiser des processus métier et de répondre à des besoins ponctuels, parfois urgents. Elles mettent ainsi à la disposition des professionnels une solution extrêmement réactive.”
● Sécuriser son approvisionnement grâce à la blockchain
Demain, l’utilisation à grande échelle de la blockchain permettra de garantir la chaîne logistique, la qualité et la conformité de certains médicaments. De lutter contre la contrefaçon également. “Environ 10% des médicaments en circulation dans le monde sont des contrefaçons. Il s’agit là de vrais risques pour le patient, souligne Charles Calestroupat. La technologie blockchain permet de garantir que telle molécule est bien utilisée dans tel médicament.”
La technologie ouvre également la voie à la maintenance prédictive. Elle aide ainsi à l’amélioration des prévisions des besoins des chaînes de production. “Il est capital de maîtriser la totalité de sa chaîne logistique pour maîtriser les livraisons comme pour les vaccins actuellement.”
4. L’aide à la décision
● L’innovation de la médecine de précision
“Il y a une tendance fondamentale dans le secteur de la santé depuis une dizaine d’années. C’est l’approche centrée sur le patient et ses besoins”, décrypte Karine Samama, Health & Lifesciences Industry Executive chez Microsoft. Il s’agit d’une approche personnalisée qui contribue à rendre l’expérience patient la plus positive possible. La santé digitale contribue aussi et surtout au développement d’une médecine de précision centrée sur les besoins du patient.
“La médecine de précision sera essentielle dans le futur pour faire face au vieillissement de la population, poursuit Karine Samama. Elle permettra en outre de gérer les dépenses de santé au plus près des besoins réels.”
● Lutter contre le cancer en utilisant l’IA
En matière d’aide à la décision, la médecine s’appuie déjà sur l’intelligence artificielle, notamment dans le domaine de l’imagerie médicale. “Certains algorithmes sont capables d’identifier et de reconnaître certaines tumeurs. L’IA est même capable d’identifier en profondeur la cellule et la surexpression de certaines protéines pour recommander un traitement, souligne Karine Samama. À partir d’une IRM par exemple, l’IA va dire que cette tumeur a telle signature, donc telle spécificité, et peut être traitée avec telle molécule.” L’intelligence artificielle est également capable d’anticiper l’évolution d’un malade et sa réponse à un traitement. Une aide précieuse pour les oncologues.
● Projets innovants contre les cancers
Microsoft a développé avec le NHS le projet “Inner Eye”, dans lequel une IA est entraînée à détourer une tumeur. “On ne le fait pas mieux que les médecins, mais on le fait 10 fois plus vite et avec le même niveau de fiabilité”, précise Charles Calestroupat.
Autre projet : la start-up Owkin étudie des images médicales et des images de cancer pour affiner des diagnostics et transmettre des informations complémentaires au médecin. “Un médecin spécialiste des cancers affirme qu’il a pu, grâce à cet outil, améliorer le calcul de l’espérance de survie de ces patients. Il ne s’agit pas de remplacer le professionnel de santé mais de lui apporter des outils et informations qui l’aideront à prendre sa décision”, assure Charles Calestroupat.
On le voit bien, le secteur de la santé bénéficie fortement des innovations technologiques, à tous les niveaux :
● chercheurs : ils peuvent compter sur les apports de l’IA au service de la recherche en génétique.
● médecins : les solutions viennent les assister au quotidien. Notamment, les solutions d’aide au diagnostic, via l’analyse des images médicales.
● chirurgiens : La réalité mixte facilite la collaboration avec des chirurgiens à distance ainsi que l’accès aux caractéristiques anatomiques du patient pendant l’opération, en temps réel.
● hôpitaux : les solutions basées sur l’IoT, la Data et l’IA optimisent la gestion du taux d’occupation des lits ou encore la maintenance prédictive des machines de santé (scanners…).
● patients : ils bénéficient non seulement d’une meilleure prise en charge, avec une médecine personnalisée, mais également d’un suivi sans barrières géographiques.
Enjeux d’avenir pour la santé digitale
Charles Calestroupat note 4 enjeux d’avenir :
La formation des médecins, qui devra intégrer le numérique. Microsoft y contribue fortement à travers sa plateforme d’e‑learning, mais également les écoles de l’IA développées avec Simplon, comme celle ouverte au CHRU de Nancy.
La capacité des acteurs à travailler ensemble, à travers des partenariats. « Le monde médical exprime ses besoins. Microsoft apporte ses briques technologiques. Et les acteurs spécialisés dans le monde de la santé vont pouvoir proposer des solutions clés en main au monde médical à partir des technologies Microsoft.”
L’interdisciplinarité entre les mathématiciens, les généticiens et les cancérologues
“Chaque discipline scientifique seule n’arrivera pas à avoir un impact important dans la résolution des grands défis de la santé digitale. C’est dans l’interdisciplinarité que naîtront les solutions.” Le partage des données et leur interopérabilité seront les piliers de cette approche interdisciplinaire. L’investissement également. Microsoft a lancé « AI for Health », un fonds d’investissement de 40 millions de dollars pour permettre aux chercheurs et aux ONG de développer la recherche médicale et réduire les inégalités d’accès aux soins.
La démocratisation des technologies
“Il ne faut pas que les bonnes initiatives restent des initiatives isolées ! Il faut déployer à large échelle des solutions qui soient robustes, sécurisées et sur des niveaux de prix compatibles avec un déploiement à large échelle”, souligne l’expert. À l’image des casques de réalité mixte HoloLens 2 : pensés pour un large public, leur prix est aujourd’hui très compétitif.
L’innovation technologique est la clé de la médecine de demain
La digitalisation de la santé ne se fera pas sans la technologie. Pour tenir les promesses d’une médecine de précision grâce aux intelligences artificielles, les soignants et les patients ont besoin de s’appuyer sur la data et la puissance de calcul du cloud. Cela suppose de poser les bases d’une IA éthique et d’assurer la protection et sécurité des données médicales. Deux sujets sur lesquels Microsoft est fortement engagé.
Cela suppose également d’avoir une approche en écosystème. En nouant des partenariats entre les acteurs du privé et ceux du public, mais aussi entre les grands groupes et les start-ups. “C’est ce partenariat entre des entreprises innovantes dans le domaine de la santé, des acteurs qui disposent de grands moyens d’IA et de Cloud et le monde médical privé ou public qui va pouvoir adresser les grands enjeux de demain” explique Charles Calestroupat. Et avec l’informatique quantique ou la biologie computationnelle, la transformation du secteur vers une santé digitale va encore formidablement accélérer !
Questions fréquentes
Qu’est-ce que la e‑santé ?
Il s’agit de l’ensemble de services liés à la santé qui utilisent les nouvelles technologies pour proposer de nouveaux services comme la télémédecine par exemple. La e‑santé utilise internet, des applications pour smartphones et/ou des objets connectés.
Comment les médecins utilisent la réalité mixte ?
Ils peuvent s’appuyer sur l’appareil de réalité mixte HoloLens 2 pour collaborer avec leurs confrères à distance en temps réel ou encore accéder aux caractéristiques anatomiques du patient pendant une opération chirurgicale.
Qu’est-ce que la médecine de précision ?
C’est la capacité à traiter un patient en fonction de ses besoins spécifiques. Cela suppose une connaissance globale du patient en croisant toutes ses données disponibles : personnelles, médicales et génétiques.