Travail hybride, le temps de la déconnexion ?
Après plus de 20 ans passées en entreprise en tant que manager d’équipes de 20 à 200 personnes, Gaël participe à l’évolution du management en intégrant la notion de bienveillance dans celui-ci pour arriver au Feelgood Management.
A l’aune de tous les chamboulements en matière d’organisation du travail, la question du droit à la déconnexion devient incontournable.
Les études récentes sont sans appel, plus de 2,5 millions de Français sont psychologiquement épuisés et traversent des périodes de surmenage au travail. En d’autres termes, ils souffrent de burn-out. Une situation qui a connu une nette augmentation avec la crise sanitaire, le télétravail généralisé et une connectivité presque sans limites. Aujourd’hui, alors que les entreprises composent avec le nouveau monde et se mettent à l’heure du travail hybride, qu’en est-il de la santé mentale des salariés ? Comment peut-on trouver l’équilibre dans un monde mi-physique mi-digital où tout va très vite ? Autant de questions que doivent se poser les organisations et les individus. Heureusement, il existe une solution : la déconnexion. Et son pendant juridique, le droit à la déconnexion.
Ce concept ne date pas de la pandémie, mais il est plus que jamais nécessaire de le mettre à l’agenda de nos préoccupations, notamment dans le monde professionnel. En effet, des managers aux salariés, chacun a un rôle à jouer pour faire de la déconnexion une arme contre le burn-out et un levier bénéfique au service du mieux travailler et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Grâce au travail hybride, le « vie pro vie perso » reprend des couleurs
En quelques années, l’avènement du numérique a eu des conséquences importantes sur nos vies. Sans nous en rendre compte, nous sommes presque toujours connectés « par défaut », si bien que 71 % des Français consultent leur boîte mail pendant les vacances. Un phénomène poussé à son paroxysme avec la crise sanitaire, durant laquelle le tout premier confinement a été un véritable accélérateur. « Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés coupés du monde et des autres. Cela a créé un sentiment d’angoisse profond et un besoin soudain d’être hyper connectés en permanence » se désole Gaël Chatelain-Berry, auteur, conférencier et créateur de la série de podcasts Happy Work.
Cette hyperconnexion a gommé les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle pour beaucoup de collaborateurs, impactant ainsi directement le bien-être au travail. « La déconnexion psychologique passe aussi par la déconnexion numérique, et c’est absolument essentiel pour trouver un équilibre entre la vie pro et la vie perso » nous dit Gaël Chatelain-Berry, et d’ajouter : « Auparavant il n’y avait pas de smartphones, pas d’ordinateurs… Et on se déconnectait vraiment ! Aujourd’hui c’est devenu plus complexe, et c’est donc d’autant plus essentiel. Il nous faut de véritables temps de déconnexion ». Des temps de déconnexion, du temps pour soi, du temps pour communiquer « en vrai », il faut donc (ré)apprendre à s’aménager des moments hors du périmètre numérique.
Une démarche qui pourrait bien être facilitée par l’arrivée du travail hybride, qui impulse l’émergence d’une prise de conscience des entreprises sur la nécessité de déconnecter. « Grâce au travail hybride, chacun prend ses marques petit à petit, notamment parmi les DRH et les managers qui s’accordent de plus en plus à dire qu’il est important de mieux gérer les temps de connexion ».
Comprendre l’importance de déconnecter : des clés pour les collaborateurs
En tant que collaborateur, chacun de nous peut agir pour s’octroyer des temps de déconnexion, en adoptant de bons réflexes simples et efficaces. « Les salariés ont les moyens d’agir à leur niveau sur tous ces réflexes que nous avons, ces habitudes numériques du quotidien qui finissent par devenir des micro-agressions » indique Gaël Chatelain-Berry. Voici quelques conseils de l’expert pour y parvenir :
- Ne pas consulter son smartphone en permanence et l’éteindre complètement de temps à autre
- Ne plus envoyer d’emails le soir et durant le week-end
- Limiter les notifications générées par les différents outils numériques et ne conserver que ce qui est vraiment essentiel
- Intégrer pleinement des temps de déconnexion à notre routine de travail, pour les sanctuariser
Enfin, comme l’encourage Gaël Chatelain-Berry, il est « crucial d’arrêter de penser au travail au moins un jour par semaine », pour s’assurer de créer une véritable séparation entre la sphère privée et la sphère professionnelle.
Toutes ces bonnes pratiques participent à trouver un meilleur équilibre entre travail et vie personnelle. Attention cependant à ce que les initiatives des salariés en matière de déconnexion soient bien soutenues par une démarche plus globale, au niveau des entreprises.
Sans les managers, pas de vraie déconnexion possible
Les managers ont un rôle central dans l’application du droit à la déconnexion, ils incarnent le changement, et sont en mesure de faire des choix qui auront des conséquences directes sur leurs équipes. « Durant le premier confinement, le mid management a été un peu oublié, alors que c’est une strate essentielle pour gérer les équipes : ils sont responsables du bien-être physique et mental de leurs collaborateurs » alerte Gaël Chatelain-Berry.
En parallèle, le droit à la déconnexion doit aussi devenir l’apanage du top management des organisations. « C’est un enjeu qui doit être pris en compte par les COMEX et les dirigeants pour être pleinement applicable » affirme encore le spécialiste, pour qui « tous nos actes numériques ont un impact sur les autres et vice versa. Donc plus la décision viendra d’en haut, plus elle aura de portée dans l’entreprise ». L’exemplarité des managers est ainsi indispensable pour opérer un changement d’état d’esprit et faire de la déconnexion un élément essentiel du travail hybride.
« Bah alors, t’as pris ton après-midi ? » : ne pas culpabiliser ses équipes, et autres bonnes pratiques
- Ne pas culpabiliser les collaborateurs de se déconnecter, ne pas pousser au présentéisme numérique : voilà les fondamentaux pour les managers au temps du travail hybride. Une mission qui s’accompagne de bonnes pratiques et d’outils pour veiller au bien-être de son équipe, tels que :
- S’équiper de solutions numériques pertinentes et adaptées à l’activité pour travailler de manière fluide et efficace
- Être à l’écoute des collaborateurs et détecter des signaux faibles d’hyper connectivité
- Ne pas encourager le culte de la performance et du tout connecté
- Sensibiliser les équipes aux bienfaits de la déconnexion et montrer l’exemple
- (Re)prendre l’habitude de communiquer autrement que par le biais des outils numériques et privilégier les temps de parole en face à face
L’une des premières pierres de cet édifice concerne les emails, un moyen de communication « trop souvent utilisé » selon Gaël Chatelain-Berry. Voici quelques conseils pour en limiter l’effet anxiogène, et gagner en efficacité :
- Limiter l’envoi d’emails et privilégier des emails qui ne font pas plus de 10 lignes
- Ne pas envoyer d’emails aux équipes après 18h30 et durant le week-end
- Veiller à passer les bons messages et éviter d’utiliser à tort et à travers des mentions telles que « urgent » ou « à lire rapidement » en objet
- Prendre l’habitude de mettre un nombre limité de personnes en copie
Agir sur la déconnexion, c’est agir sur le bien-être global des entreprises en adoptant une posture nouvelle qui a toute sa place dans un monde du travail repensé. Pour mieux travailler, travaillons déconnectés !
Vous ne connaissez pas encore notre web-série « Disponible » sur le travail hybride ? Découvrez tous les conseils simples donnés à Lucie pour mieux déconnecter dans le monde du travail hybride.