« L’innovation appelle un équilibre entre ambition et humilité » – Nicolas Marry, Avanade
Partagez les réflexions de ceux qui font entrer l’innovation dans les entreprises, avec cette série d’interviews d’acteurs-clés du digital.
Nicolas Marry est le directeur général des activités d’Avanade pour la France et le Benelux. Cette co-entreprise entre Microsoft et Accenture est spécialisée dans l’intégration des solutions Microsoft. Depuis sa création en 2000, elle compte plus de 33 000 collaborateurs sur 23 pays et poursuit un développement harmonieux.
Pour ses clients, Avanade est un one-stop-shop de la transformation digitale, basé sur les trois plateformes cloud de Microsoft : Azure, O365 et D365. Les grands sujets du moment que sont l’applied intelligence (RPA, BI et IA), l’internet des objets, la réalité mixte ou la blockchain sont adressés depuis le conseil en stratégie, la transformation, l’implémentation jusqu’au support, en incluant du change management , une agence d’expérience design, de l’agilité, de la sécurité, et de la valorisation de la donnée.
Nicolas Marry
Directeur général des activités, Avanade
Qui sont vos clients ? Quels sont les sujets qui les préoccupent ?
Nicolas Marry : Nos clients, ce sont l’ensemble des entreprises qui ont des enjeux de transformation digitale et qui sont confrontées aux nouveaux défis et interrogations que cela implique. Ils ont besoin d’appréhender ce que les technologies peuvent apporter et de comprendre comment collaborer avec les nouveaux acteurs disruptifs. En fait, leur enjeu principal consiste à simplifier une complexité technologique toujours plus importante au profit d’une expérience client toujours plus naturelle.
Aujourd’hui, deux points importants émergent de nos rencontres avec nos clients :
- L’impact sociétal de l’intelligence artificielle qui ne peut être que compris comme une aide au profit des humains – puisque l’IA remplace des tâches et non des humains.
- La confiance dans la véracité des données ou le contrôle par l’humain de la cohérence des données.
Comment faites-vous rentrer l’innovation dans les entreprises ?
Pour répondre à cette question, on peut d’abord tenter de définir l’innovation. L’innovation est un concept consubstantiel de l’humanité : le darwinisme est une forme d’innovation des êtres biologiques obligés de muter pour exister.
A notre époque, tout va plus vite. Les barrières à l’innovation sont tombées ; l’accès à la connaissance, au capital et à la techno est quasiment illimité. Enfin, nous avons tous compris que l’apprentissage, qui devient permanent, est une clé de la transformation et de son acceptation.
L’innovation est à la fois une évidence et une énorme difficulté. Une évidence car nous sommes dans un mouvement de fond, et que c’est quasiment devenu un buzzword, mais c’est aussi une énorme difficulté dès que l’on rentre dans le concret, dès les premières frictions avec un legacy informatique ou un héritage culturel. Innover, c’est désobéir, et prendre un risque dans une société qui est une gageure.
Innover, c’est aussi co-llaborer, co-construire
Nous ne faisons pas rentrer l’innovation dans les entreprises : nous co-entreprenons avec nos clients.
Pour transformer en profondeur mais dans la plus grande stabilité pour nos clients, nous nous appuyons sur des outils Microsoft et des outils Microsoft-friendly, car il s’agit du plus important « cloudeur » mondial.
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Quelle est l’innovation qui vous a plus marquée ces dernières années ?
SpaceX, le projet spatial d’Elon Musk : rapidité d’exécution, court-circuitage d’acteurs étatiques vecteur de puissance régalienne, démonstration qu’un acteur privé, presque une personnalité visionnaire, pouvait être un disrupter des états.
Cela nous renvoie aux films dits de science-fiction avec la préfiguration d’une nouvelle ère dans notre humanité, celle où nous allons quitter notre berceau, la Terre.
C’est enfin, la première société d’une nouvelle industrie comptant de nouveaux acteurs importants.
Quelles sont, selon vous, les 3 technologies qu’il faut suivre de près dès aujourd’hui ?
- Cloud edge, qui en parallèle de l’implémentation de la 5G, permettra de rendre l’IoT plus réel pour les usages. La technologie va ainsi se rapprocher encore plus des métiers.
- L’applied intelligence (robotic process automation, business intelligence, intelligence artificielle) car ses impacts sont massifs et immédiats. C’est la fin d’une certaine forme d’aliénation de l’homme au travail au profit de tâches plus nobles vers lesquelles la société les poussera. De nouveaux métiers se créeront et, plus largement, nous devrons inventer la société qui ira avec. Plus qu’une révolution, ce sera une évolution où l’humain et la quête de sens seront valorisés. On le voit, les nouvelles générations comme les anciens consomment de plus en plus « éthique » et ce devoir de vérité et de confiance devra également être rendu par nos métiers. La donnée devra être vraie pour produire une valeur optimale, l’applied intelligence devra être éthique pour créer cette même qualité de « goodwill ».
- Le quantum computing et ses capacités de calculs vont repousser les limites, notamment des calculs algorithmiques. Il nous faudra repenser des systèmes aussi fondamentaux que la sécurité, les télécommunications, les réseaux ou les contenus. La science dotée de nouvelles capacités de calcul fera des progrès énormes, notamment dans la science du vivant qui nous impacte très directement. En somme, c’est un bouleversement de notre rapport au temps, aux distances et aux choses qui s’offrira à nous dans quelques années.
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Comment imaginez-vous votre métier dans 5 ou 10 ans ?
Une grosse partie de nos métiers vont changer – d’autres vont se créer dans un mouvement Schumpetérien (Joseph Schumpeter est un économiste autrichien, à l’origine du concept de l’entrepreneur innovateur, qui met en avant le rôle majeur des innovations dans l’impulsion, la mise en mouvement de l’économie sous l’action de l’entrepreneur, NDLR).
L’accompagnement et le partage des expériences qui sont au cœur de nos métiers se conjuguent avec l’innovation ; l’accompagnement devient plus global depuis la vision jusqu’aux nouveaux usages.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui mène un projet de déploiement technologique ?
Voyons les choses sous l’angle positif. La transformation digitale et l’innovation appellent un équilibre entre l’ambition et l’humilité.
L’ambition est une qualité naturelle chez les dirigeants. Le business est une compétition dans laquelle le dépassement et le renouvellement sont des conditions essentielles à la survie. Mais cette ambition doit être humble, c’est-à-dire que l’excès de confiance est mortifère. Solliciter l’avis d’un spécialiste n’est pas un aveu de faiblesse mais le signe d’une maturité managériale.
Avanade fait partie du club fermé des acteurs clefs de la transformation digitale et de l’innovation. L’expérience capitalisée ces deux dernières décennies aux côtés d’Accenture et Microsoft est un facteur de réussite fondamental notamment sur des projets lourds ou techniquement complexes.
Pour conclure, je citerais Paul Daugherty, Chief Technology & Innovation Officer chez Accenture :
La technologie ces 25 dernières années était quelque chose que nous pouvions utiliser. Nous entrons maintenant dans une ère où la technologie est ce que nous sommes.
N’hésitez pas à suivre les comptes Twitter recommandés par Nicolas Marry : Judson Althoff (Vice-Président Exécutif chez Microsoft), Marc Carrel ( Directeur Général Monde de la R&D Technologique chez Accenture) et bien sûr Avanade.
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