Cloud hybride : mythe ou réalité ?
Le cloud hybride, c’est la conjonction des infrastructures de cloud public et des solutions de cloud privés. L’objectif : bénéficier du meilleur des deux mondes, avec des coûts maîtrisés et des solutions évolutives.
Un sujet central lors de Cloud Expo, mi-novembre… 3 spécialistes ont participé à une table ronde sur le sujet : Pierre-Jean Esbelin, CEO, W2AC ; Charles Henry, Service Line Manager DataCenter, Storage, BigData and Cloud Solutions, Hewlett-Packard Entreprise ; et Frédéric Aatz, Infrastructure et Hybrid Cloud – Business Group Senior Leader, Microsoft.
Découvrez leur point de vue.
Cloud hybride : mythe ou réalité ?
Frédéric Aatz : Réalité, bien sûr. Aujourd’hui, on se pose même plus a question : tout le monde va vers le cloud. Reste à savoir lequel . Suivant les organisations, le mouvement vers le cloud n’est pas binaire, mais lié à d’autres enjeux : l’existant, les contraintes réglementaires, le cycle d’applis, les contraintes industrielles, etc.
Pierre-Jean Esbelin : L’enjeu pour les entreprises est de réussir à fonctionner en mode hybride comme en mode interne.
Charles Henry : Les organisations font face à de nombreuses questions : techniques, de crédibilité, de confidentialité des données. Et, bien sûr, la question du coût.
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La question du coût
Pierre-Jean Esbelin : Pour obtenir le meilleur prix possible, il faut partager son community planning. Trop peu de projets incluent un volet tarification. Alors qu’il faut l’intégrer dès la réflexion. C’est justement l’un des avantages du cloud hybride : le prix, et la flexibilité.
Charles Henry : C’est vrai, mais attention aux idées reçues : un cloud privé peut revenir moins cher qu’un cloud public ! Tout dépend de l’entreprise et de l’usage réel qu’elle en fait. Le meilleur choix pour une entreprise ? Cela dépend de sa motivation, sa taille, son contexte… Certains acteurs peuvent facilement aller dans le cloud public. D’autres ont des contraintes particulières qui rendront le passage plus délicat.
Frédéric Aatz : Paradoxalement, avec le cloud, on bénéficie d’une puissance infinie, mais il est très important d’optimiser cette puissance.
L’intérêt du cloud hybride, le vrai enjeu, ce n’est pas l’hybridation des infrastructures, mais celle des applications. La question pour une entreprise : comment je conçois des applis modernes, cloud ready, qui tournent chez moi et que je peux déployer facilement dans le cloud ?
Il faut réarticuler la réflexion… Les solutions de Microsoft – containers, Serverless, etc. – répondent à ce besoin.
Charles Henry : Ma conviction, aujourd’hui, est que l’IT des entreprises va rester hybride encore un moment, de 3 à 5 ans. Il faut donc, en effet, veiller à la portabilité des Workloads entre les différents environnements cloud : public, privé et hybride.
Pour une migration sereine
Pierre-Jean Esbelin : Il y a un effet ciseau entre la vitesse des innovations, extrêmement rapide, et la durée de mise en œuvre des projets (de 6 à 18 mois). D’où un décalage entre les nouveautés techniques et l’architecture initialement prévue. La solution : une migration progressive, en menant les projets brique par brique. D’autant que le catalogue des API ne cesse de se développer et de s’améliorer. Il n’y a donc plus les mêmes contraintes, en termes de développement.
Frédéric Aatz : Aujourd’hui, tous les fournisseurs de cloud gèrent l’hybridation. Mais celle-ci peut aussi prendre plusieurs formes : mixer entre prestataires, entre SaaS, entre cloud et datacenters…
Le cycle de production doit pouvoir s’adapter en permanence – mode agile, DevOps – et se déployer en mode granulaire.
Charles Henry : La transformation comporte plusieurs axes majeurs : le passage à des solutions et software As a Service ; et la transformation du modèle opérationnel au sens large : processus, communication, etc. La manière de gérer et adresser une IT est aujourd’hui modifiée. Ce qui implique aussi de changer la manière dont on va gérer d’autres fonctions de l’entreprise : le contrôle de gestion, les opérations, etc.
« En matière d’hybridation, tout est possible ! »
Pierre-Jean Esbelin : Le besoin de SI est en effet différent avec le cloud. Une autre possibilité s’offre aux entreprises : garder un Data Protection Officer (DPO) et un RSSI, et « vaporiser » le reste du département informatique. Au-delà de l’IT, les entreprises intègrent encore trop peu la mise à niveau des fonctions supports (achats, etc.) dans leurs processus de migration des entreprises.
Frédéric Aatz : Pour toute organisation, la question est : où placer le curseur ? Jusqu’où déléguer ? Où tirer le trait? Il y a des choix à faire. En matière d’hybridation, tout est possible. Le cloud est une réalité ; le cloud hybride, une option. Le plus important : prendre le contrôle de cette transformation. Quels sont les applis cloud que mes métiers vont utiliser ? De quoi ai-je besoin ?