La résilience : le nouveau buzzword pour les entreprises ?
La crise a mis en avant la nécessité pour les entreprises d’être “résilientes”. Mais que signifie la résilience des entreprises ? Que mettre concrètement derrière ce terme devenu le nouveau diktat stratégique des organisations ? Décryptage.
Chaque époque a ses mots phares : “agile”, “open”, “scalable”… Si ces concepts sont tout autant de marqueurs stratégiques d’une époque, repris à tout va, ils perdent très vite de leur substance. (Qui n’a jamais fait son startup pitch bullshit bingo ?).
Le mot de notre époque ? Résilience. Un nouveau mot à ajouter à la grille ? Pas si sûr… Bien loin d’être une coquille vide ou un nouveau buzz word en vogue, il est bel et bien un ordre de marche stratégique à mettre sérieusement en œuvre.
Pourquoi ? Il fait appel à une réalité économique : l’incertitude croissante des marchés.
Est-ce nouveau ? Non. En 1921, l’économiste Frank Knight publiait « Risque, incertitude et profit » et introduisait la formule “d’incertitude radicale” pour exprimer cette réalité.
Est-ce que ça s’accélère ? Considérablement. Catastrophes climatiques, crise actuelle du COVID-19, « plateformisation” de l’économie… La profusion de ce que le statisticien et essayiste spécialisé en épistémologie des probabilités Nassim Nicholas Taleb a théorisé comme étant des “cygnes noirs” s’est considérablement accélérée.
Le Cygne noir, est une théorie selon laquelle on appelle cygne noir un certain événement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler (appelé « événement rare » en théorie des probabilités) et qui, s’il se réalise, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. Taleb a, dans un premier temps, appliqué cette théorie à la finance. En effet, les événements rares y sont souvent sous-évalués en matière de prix.
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La résilience n’est pas une mode, mais une nécessité face à une économie incertaine
Face à cette incertitude dominante et la puissance des chocs qui en découlent, les entreprises doivent donc apprendre à “faire le roseau”, plier mais ne jamais rompre, voire devenir “invincibles” comme Yves Pigneur et Alexander Osterwalder (auteur du bestseller Business Model Generation) l’ont théorisé dans leur dernier livre “The Invicible Company”.
Et pour devenir “invincibles” ou “résilientes”, les entreprises ont tout intérêt à travailler leur maturité digitale. C’est l’un des grands enseignements de cette crise.
Tous les métiers de l’entreprise sont impactés par la résilience numérique
L’exemple le plus flagrant est très certainement celui du e‑commerce dont l’accélération aurait permis de gagner “deux à trois ans de développement en trois mois de temps » selon François Momboisse, président de la Fédération du e‑commerce et de la vente à distance (Fevad). L’e‑commerce a permis à des entreprises de construire des success stories au moment où tout semblait s’écrouler, creusant ainsi leur avantage compétitif face à des acteurs en retard sur leur transformation digitale. En témoigne le cas de Myntra en Inde, cet acteur de la mode en ligne a recruté des centaines de milliers de nouveaux clients chaque semaine depuis le début de la pandémie. Et pour les autres, celles qui ont su activer rapidement des leviers technologiques et digitaux, elles ont su limiter les dégâts, voire générer de la croissance.
Car l’e‑commerce est loin d’être la seule expression de cette résilience digitale. Certaines entreprises comme la startup Germinal, spécialisée dans le « growth hacking » s’est réinventée autour de la formation en ligne pour faire face à la perte de 80% de leurs clients lors du confinement. Résultats ? 100 000 euros de chiffre d’affaires en mai et une nouvelle activité génératrice de revenus amenée à se pérenniser.
Autre cas emblématique, celui de la télémédecine avec 5,5 millions de téléconsultations remboursées entre mars et avril 2020 par l’Assurance Maladie qui a permis aux médecins de maintenir une activité tout en contribuant à désengorger les hôpitaux.
Idem côté cybersécurité où la maturité digitale des entreprises a été mise à l’épreuve. Sous l’impulsion d’un télétravail généralisé qui pourrait bien redevenir la norme au cours des prochaines semaines. Selon une récente étude post-confinement, 24% des entreprises rapportent ainsi devoir supporter des frais imprévus pour faire face à des incidents de cybersécurité…
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Et nous pourrions suivre avec une myriade de micro et macro-dysfonctionnements qui ont littéralement déconnectés les organisations de leurs publics tant internes, qu’externes : conditions de télétravail difficiles, relation client interrompue, accès aux cours impossibles, accès aux données d’entreprises compliquées…
Les entreprises doivent devenir totalement hybride
Derrière la résilience, s’exprime donc la nécessité de repenser l’écosystème complet des organisations dans un modèle de travail hybride. Une intégration complète que Satya Nadella, CEO de Microsoft, a détaillé lors de sa conférence de rentrée Ignite, invitant les entreprises à accélérer leur transformation numérique de façon intelligente, pour développer concrètement leur résilience.
« Les entreprises devront responsabiliser les employés, favoriser une nouvelle culture du travail hybride, engager leurs clients dans de nouvelles voies, transformer intelligemment et virtuellement les produits et services avec de nouveaux modèles d’entreprise et optimiser les opérations pour assurer la sécurité des clients et des employés, » a‑t-il énoncé.
Que cela soit sur le plan du management, de la vente, des ressources humaines ou du travail collaboratif tout terrain, la digitalisation des entreprises, et leur niveau de “tech intensity” n’est plus un simple avantage compétitif, il est devenu un must pour naviguer dans l’incertitude que 80%* des chefs d’entreprise ont déjà intégré dans leur plan. Et vous ?
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Pour en savoir plus sur le sujet de la résilience des entreprises, RDV sur https://www.microsoft.com/fr-fr/resilience
* The Digital Path to Business Resilience, par Boston Consulting Group