« Les entreprises ont besoin de pouvoir tester de nouveaux concepts sans risque » – F. Gautier, Equinix
Partagez les réflexions de ceux qui font entrer l’innovation dans les entreprises, avec cette série d’interviews d’acteurs-clés du digital.
Fabien Gautier est le Directeur du business développement et du marketing d’Equinix pour l’Europe du sud. Equinix exploite plus de 180 data centres à travers le monde, pour interconnecter plus de 9 500 entreprises et fournisseurs de services.
Fabien Gautier
Directeur Business Development et Marketing, Equinix
Comment faites-vous entrer l’innovation dans les entreprises ?
Nous articulons l’innovation en connectant les différents écosystèmes. Nous hébergeons l’informatique de tous types de clients : dans un même bâtiment data center, vous allez retrouver d’un côté les fournisseurs de services informatiques ou réseaux, et de l’autre, des utilisateurs qui recherchent un accès de proximité avec ces acteurs, pour se connecter à leurs services managés, ou à leurs offres réseaux et cloud en direct, c’est-à-dire sans passer par Internet.
On peut comparer le data centre à une place de marché, c’est-à-dire un lieu où se concentre l’informatique de tout un écosystème : entreprises, fournisseurs de bandes passantes, éditeurs de solutions et des acteurs du cloud comme Microsoft.
En fait, nous sommes des intermédiaires : notre métier, c’est l’hébergement des différentes informatiques qui ont intérêt à communiquer entre elles et à tirer parti du fait qu’elles sont situées les unes à côté des autres. L’intérêt du data centre est de constituer une communauté suffisamment pertinente, pour apporter cette agilité à tous nos clients et permettre à une infrastructure informatique de profiter du cloud hybride ou encore du multisourcing.
A Paris, nous avons 8 bâtiments, soit 55 000 mètres carrés interconnectés en fibre noire (une fibre nue, louée à l’état brut à un client ; NDLR) et 2/3 de nos clients présents sont des fournisseurs de services informatiques. De plus, 80 % de nos clients sont internationaux : nous les aidons à reproduire dans d’autres pays le schéma établi en France.
Nos clients gagnent en sécurité : en étant directement connecté entre eux par la fibre, ils ne peuvent pas se faire hacker comme sur Internet.
Microsoft est, par exemple, positionné sur nos data centres : cela veut dire que ses clients que nous hébergeons peuvent bénéficier de ses offres applicatives ou de ses services liés à l’intelligence artificielle, sans devoir passer par Internet. Cette proximité permet de bénéficier d’une très haute sécurité et des meilleures performances, autrement dit : de profiter pleinement des solutions fournies.
Les entreprises ont-elles encore peur du cloud ?
En France, nous proposons des solutions directement liées à Azure, à travers une connexion privée et sécurisée : cela enlève une grande partie des craintes des entreprises : être dépossédées de leurs datas, mettre leurs données à l’étranger…
En fait, il est important de définir la peur des entreprises. Aujourd’hui, ce n’est pas tant de basculer dans le cloud mais de savoir comment basculer dans le cloud : l’inquiétude est moins sur le fond que la forme. Là où un data centre peut intervenir, c’est qu’il permet de s’affranchir de configurations complexes qui peuvent parfois inquiéter certaines entreprises : il permet des interconnexions et donc de tester des offres en lien direct.
Je terminerai en disant que le maître mot derrière notre collaboration avec Microsoft, c’est de faciliter l’adoption des offres de services par les clients qui en ont besoin. Nous sommes un intermédiaire mais un partenaire avant tout car, ensemble, nous levons un certain nombre de barrières à l’adoption du cloud.
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Comment les entreprises accueillent-elles l’innovation ?
Ce qui compte, quand on parle d’innovation, c’est le principe du droit à l’échec.
Dans les entreprises, nous sommes toujours condamnés au succès, ce qui peut être bloquant. Pourtant, l’innovation, ce sont toujours des personnes qui prennent un risque et s’exposent à un potentiel échec.
Pour faciliter la transition numérique, les entreprises ont besoin d’outils qui leur permettent de tester des concepts sans risque.
La plateforme de test établie avec Microsoft et qui permet d’accéder à Azure sans passer par Internet est une première en France car les entreprises peuvent valider les process d’innovation tout en limitant le risque. Elles peuvent alors constater que cela fonctionne !
Quelle est l’innovation qui vous a le plus marquée ces dernières années ?
Je ne sais pas si on peut parler d’innovation technologie en tant que telle, mais sur les quatre dernières années, c’est la rapidité d’adoption du cloud par certains responsables qui m’a le plus marquée. C’était très intéressant de mesurer la position psychologique des DSI face au cloud. Au départ, il y a eu une véritable résistance, puis une hésitation et, aujourd’hui, tout se passe sur le cloud.
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Pourriez-vous nous citer 3 technologies qui vous paraît important de suivre ?
Je dirais : l’IA, l’IoT et le corollaire des deux premières technologies, le big data, c’est-à-dire toutes les technologies (dont le cloud) au service de l’analyse des données.
IA, l’IoT et le big data sont des tendances qui vont mener à des usages et à des business models différents, et ce, même pour les industries dépendantes des économies plus traditionnelles.
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L’IoT et l’IA sont deux évolutions qui permettent de repenser les modèles économiques : l’exploitation des données permet de rentrer dans de nouveaux marchés et de saisir de nouvelles possibilités commerciales et business. De nombreux secteurs ont suivi cette transformation : le domaine du luxe, de l’industrie, de la banque ou encore de la domotique.
Par exemple pour le luxe, avant les entreprises ne pouvaient miser que sur le produit et son prix. Aujourd’hui, elles travaillent sur un nouveau parcours client VIP. Elles se demandent comment créer de nouveaux services à destination d’une clientèle qu’elles adressaient avant d’une façon complètement différente.
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Comment voyez-vous votre métier dans 5 à 10 ?
Je pense que le mot « data centre » va être oublié, on ne parlera plus que de plateformes d’interconnexion. Nous serons perçus comme l’endroit où l’on peut se raccorder à l’ensemble des acteurs informatiques, au plus près et en direct. Nous augmenterons aussi le nombre de services, via des entreprises de plus en plus présentes dans nos bâtiments, pour permettre de gérer l’ensemble des problématiques informatiques liées à la digitalisation de l’économie. Nous allons devenir une sorte de galerie commerciale ou business où les clients viendront articuler des offres de services qui seront toutes au même endroit.
Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui mène un projet de déploiement technologique ?
Je pense que beaucoup d’entreprises gèrent leurs problèmes au cas par cas, sans se projeter dans l’avenir. Le fait d’avoir une vue plus globale sur ce qu’elles souhaitent mettre en place et comment, leur permet d’identifier plus clairement les solutions dont elles ont besoin… Et donc les acteurs auxquels elles vont se raccorder !
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