Green IT, 3 solutions pour rendre le numérique durable
En bref :
Comme tous les autres secteurs, le numérique durable a lui aussi pour objectif de réduire ses émissions de co2. Pour y parvenir, trois pistes semblent prometteuses.
- Monitorer la consommation énergétique des outils digitaux
- Rendre le travail à distance moins polluant
- Optimiser la consommation énergétique des applications
Alors que tous les secteurs tendent vers le vert, le numérique ne saurait échapper à la règle. Données, applications et serveurs contribuent eux aussi au réchauffement climatique. Comment l’IT peut-il réduire son empreinte carbone ? Et comment mettre l’innovation digitale au service de la transition énergétique et écologique pour un numérique durable ?
En contribuant à hauteur de 3,7% aux rejets de CO2 mondiales, selon le Ministère de l’économie, le numérique n’est pas le secteur le plus polluant. Il l’est beaucoup moins que l’industrie, le BTP, les transports ou encore le textile, responsables de la majorité des émissions.
Néanmoins, ce chiffre ne peut que croître dans les prochaines années. En effet, la masse de données en circulation dans le monde pourrait être multipliée par 45 d’ici 2035 selon les projections du cabinet Statista. Et ce n’est pas tout.
Avec le développement de l’IoT, les outils digitaux vont connaître eux aussi une très forte croissance et avoir un fort impact sur la durabilité du digital. Toujours selon Statista, il pourrait y avoir plus de 75 milliards d’objets connectés en service dans les entreprises et chez les particuliers en 2025. Cette formidable accélération a toutes les chances de faire du numérique un poids lourd du réchauffement climatique.
C’est donc maintenant qu’il faut réagir. Et les bonnes idées comme les projets innovants ne manquent pas. Passage en revue de trois solutions qui pourraient changer la donne avec Pierre Lagarde, Principal Program Manager de Microsoft Corp dans les équipes Windows & Devices.
Solution n°1 : Créer un Yuka de l’électricité
L’idée a déjà fait ses preuves dans le secteur de l’agroalimentaire. Depuis 2017, Yuka permet aux consommateurs de scanner, grâce à leurs smartphones, le code-barre des produits pour connaître leur composition. L’application leur attribue une note sur 100, ce qui permet de déterminer ceux qui sont bons pour la santé et ceux qui ne le sont pas. Cette idée astucieuse a fait bouger les lignes. Elle a incité les industriels à modifier leurs recettes pour les rendre plus saines. Un vrai progrès en matière de nutrition.
Pour le numérique, une application de ce type permettrait de mieux contrôler la consommation énergétique des outils digitaux de façon durable. L’électricité utilisée pour les alimenter représente, en effet, peu ou prou 20% de leurs émissions. Réduire cette consommation à grande échelle aurait un impact significatif sur le réchauffement climatique.
Selon Pierre Lagarde : « La première étape pour accélérer la transition énergétique est de fournir aux consommateurs le même niveau d’information que le producteur. A ce titre, les gestionnaires de réseaux d’énergie, comme RTE en France, publient en temps réel des informations sur le mix de production d’énergie. Aux États-Unis, WattTime fournit ces informations par état. »
Mieux consommer de l’électricité signifie évidemment en consommer moins. C’est logique. Ce n’est cependant pas la seule option. En effet, les énergies renouvelables, produites grâce au soleil, au vent, ou à l’eau, sont des solutions vertueuses qui permettent de réduire fortement les émissions de carbone.Toute l’astuce du Yuka de l’énergie serait de permettre aux consommateurs de savoir quand recourir à cette électricité verte.
Pierre Lagarde précise : « Nous avons travaillé avec CSN Energy pour développer une application destinée aux utilisateurs afin de les aider à mieux gérer leur consommation électrique. Il s’agit de pouvoir transférer la consommation d’électricité en fonction du mix énergétique, lorsque la quantité d’émissions de carbone produites par kilowattheure est la plus faible. »
Ainsi, contrôler la consommation électrique des appareils en fonction de l’intensité carbone du réseau électrique au cours de la journée pourrait permettre de réduire considérablement les émissions de CO2.
Solution n°2 : Rendre le travail à distance moins polluant
C’est maintenant un fait établi. La crise sanitaire a été un formidable accélérateur pour le télétravail, et par extension pour l’utilisation des appareils et des solutions informatiques. Le confinement a poussé les familles à s’équiper et a obligé les entreprises à fonctionner en distanciel.
Selon l’étude « The next great disruption is hybridwork » réalisée par Microsoft, 40,6 milliards d’e-mails supplémentaires ont été envoyés en février 2021 par rapport à février 2020 et le temps hebdomadaire passé en visio-conférence a augmenté de 148%.. Le travail à distance a connu une acculturation rapide à grande échelle. Tout semble indiquer qu’il est là pour durer. D’autant que les outils digitaux permettent aujourd’hui aux équipes de collaborer de plus en plus facilement sans être au bureau.
Cette évolution incite les collaborateurs à garder leurs ordinateurs allumés en permanence pour pouvoir accéder à tout moment à leurs dossiers, générant toujours plus de pollution.. Par ailleurs, le boom des applications de visioconférence nécessite une infrastructure serveur lourde, et donc nécessairement plus polluante.
Pour corriger le tir, les entreprises doivent pouvoir mieux piloter leurs actifs informatiques. Pour y parvenir, la solution Avob permet de mesurer la consommation de tous les postes de travail, au bureau comme à distance, de mettre en place de mécanismes automatiques pour optimiser la consommation et d’obtenir un inventaire détaillé de tous les ordinateurs, avec leurs performances et consommations précises.
Selon Pierre Lagarde : « Les résultats montrent qu’il est possible de réaliser jusqu’à 50% d’économie d’énergie et avec une augmentation de la durabilité des équipements de 20% mais aussi une amélioration des performances des ordinateurs de 15% à 20% . »
Un vrai progrès donc. Et il y a mieux encore. Aujourd’hui, il existe des standards d’échange entre les différents acteurs du réseau électrique. Grâce à ces standards, des solutions comme OpenADR permettent d’automatiser et de simplifier la réponse à la demande et les ressources d’énergie distribuées pour rendre l’accès au numérique durablement. Elles permettent également de suspendre les programmes non essentiels sur les serveurs. Autant d’éléments qui optimisent la consommation et font baisser la pollution.
Selon Pierre Lagarde : « La transition vers l’électricité verte en France nécessiterait 40 à 60 Gigawatt d’électricité contrôlable. Les solutions AVOB ont choisi de supporter ce protocole et de le déployer facilement. A terme, elles permettront d’aller sur les Smart Grids et d’étendre le scénario industriel à l’informatique. »
Solution n°3 : Optimiser la consommation énergétique des applications
A l’échelle mondiale, la production d’électricité est responsable de 49% des émissions de carbone. Tous les logiciels, quels qu’ils soient, en consomment pour fonctionner. De fait, créer des applications économes en énergie fait partie des réponses que le numérique peut apporter pour contrer le réchauffement climatique.
A ce titre, il est aujourd’hui possible d’agir sur l’affichage et le décodage des vidéos, qui font partie des applications logicielles les plus gourmandes en énergie. C’est la promesse du lecteur multimédia VLC qui a été conçu pour adopter des pratiques d’ingénierie logicielle durable. Il est gratuit et disponible open-source pour les systèmes d’exploitation de bureau et les plates-formes mobiles.
Grâce à cette innovation prometteuse, il est possible d’effectuer le décodage des codecs vidéos grâce au GPU (Graphics Processing Unit), un processeur composé d’éléments spécialement optimisé le rendant plus performants, par rapport au CPU (Central Processing Unit) , ce qui entraîne moins de cycles CPU et donc une consommation d’énergie moindre.
Selon Pierre Lagarde : « En règle générale, un développeur peut choisir un algorithme optimisé exploitant le GPU qui réduira la consommation d’énergie et fournira de meilleures performances. Un VLC compatible GPU est 70% plus économe en énergie que l’utilisation du processeur CPU ! »
A date, il existe d’autres outils disponibles sur le marché pour surveiller en temps réel la consommation d’énergie des applications. L’ère du logiciel durable vient à peine de commencer. Et elle pourrait bien changer la donne.
Demain, c’est l’ensemble des ressources et des solutions digitales long-termistes qui pourraient suivre la même trajectoire. Serveurs, ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, data-centers pourraient opérer un grand virage vers le vert en vue de la sauvegarde de l’environnement. Pour faire face aux enjeux actuels, le numérique a pour obligation de réformer ses pratiques. Et c’est bel et bien ce que le secteur a déjà commencé à faire.
Questions fréquentes
Quelle est la contribution du numérique au réchauffement climatique ?
A l’heure actuelle, le numérique représente 3,7% des émissions de co2 dans le monde.
Qu’est ce que la pollution numérique ?
On désigne par pollution numérique les émissions de co2 et la pollution générée par les nouvelles technologies, qu’elles soient liées au fonctionnement d’Internet ou aux équipements des consommateurs.
Qu’est ce que le numérique durable ?
Le numérique durable, également appelé green IT est un ensemble de techniques visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique.