« L’IA n’est pas réservée aux bac +8 » – Christophe Catoir, Adecco
Quel sera l’impact de l’IA sur les emplois ? Christophe Catoir, président d’Adecco France, revient sur les conséquences de la révolution IA dans le monde du travail et évoque les compétences requises pour ces nouveaux emplois.
Christophe Catoir
Président, Adecco France
Leader du recrutement en interim en France, Adecco propose également des opportunités professionnelles sous tout type de contrats à plus de 700 000 personnes dans 60 pays.
Microsoft et Adecco ont déjà collaboré pour le lancement de Yoss, en février 2018. Cette plateforme met directement en relation les grandes entreprises et les indépendants, sans passer par des offres d’emploi. Aujourd’hui, Microsoft et Adecco collaborent autour des compétences liées à l’intelligence artificielle, en proposant notamment des formations certifiantes en IA à destination des professionnels de l’IT.
Christophe Catoir est le président d’Adecco France. Il publie régulièrement sur LinkedIn des articles sur les défis du management et de la performance professionnelle respectueux du bien-être au travail.
En quoi la collaboration entre Adecco et Microsoft permet-elle de mieux anticiper les besoins du marché de l’emploi, notamment concernant l’intelligence artificielle ?
Christophe Catoir :
Le marché de l’emploi évolue avec l’intelligence artificielle, générant de nouveaux métiers. Il n’est pas toujours nécessaire pour les entreprises de recruter une nouvelle personne, il suffit parfois de former du personnel en interne pour développer leurs compétences. Lorsque l’on recrute dans le domaine de l’IA, il faut donc dans un premier temps se poser la question de la formation : comment puis-je former mes salariés ? Comment puis-je me former à l’IA pour augmenter mes opportunités professionnelles ?
Le véritable enjeu, c’est la formation
On dit souvent qu’Adecco est l’intermédiaire sur le marché de l’emploi. Nous sommes effectivement l’interface entre les candidats qui se demandent comment trouver du travail et les entreprises qui s’interrogent sur leurs méthodes de recrutement.
« Le grand public a parfois tendance à limiter le spectre des métiers de l’IA au data-scientist, mais en réalité, ils représentent un véritable écosystème. » Christophe Catoir
Notre rôle, en collaboration avec Microsoft, est de sensibiliser les candidats et les entreprises aux métiers de l’IA. Nous leurs expliquons en quoi cela consiste concrètement et définissons avec eux le périmètre de leurs besoins. C’est pour nous un véritable travail d’évangélisation, qui permet de trouver les personnes qu’on formera demain en France.
L’objet de notre collaboration avec Microsoft est justement d’identifier des nouveaux métiers afin de mieux former les individus qui cherchent à s’adapter à ce nouvel environnement. Ensemble, nous nous sommes ainsi engagés à proposer des formations certifiantes en IA à 4 300 professionnels de l’IT d’ici 2020.
Quelles sont les compétences requises pour ce nouveau type d’emploi ?
Nous n’en sommes qu’à la première étape du déploiement de l’IA sur le marché du travail : nous n’avons donc à ce stade que des pressentiments. Pour travailler avec de l’IA, il faut de la curiosité pour la tech, savoir s’adapter et aimer apprendre. Il est également très important de s’appuyer sur ses soft skills. Certaines missions peuvent être scientifiques, mais d’autres peuvent aussi concerner le développement ou bien encore le marketing. On se rend donc compte qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un bac + 8 pour effectuer ces missions. L’IA offre à tous des opportunités formidables, avec des opportunités de recrutement et d’évolution passionnantes pour l’avenir.
IA.
Il n’est pas nécessaire d’avoir un bac+8 pour effectuer des missions
Le métier de manager va évoluer également. Jusqu’à présent, le modèle d’organisation du travail était relativement hiérarchique et normé. Les tâches étaient définies avec précision sur les fiches de poste. La collaboration entre l’humain et la technologie va progressivement les transformer et bousculer par conséquent les méthodes de management.
Quel va être l’impact concret sur les emplois ?
C’est une question qui est au cœur de la société et des médias. Dès que nous abordons le sujet de l’intelligence artificielle, nous nous demandons si elle va détruire notre emploi. C’est très anxiogène ! Il faut rester humble : nous n’avons pas encore de visibilité sur le long terme. Cependant, nous pouvons d’ores et déjà constater une transformation dans le contenu des métiers. Je ne pense pas qu’il faille se poser la question de la quantité d’emplois mais plutôt celle de la qualité des emplois. Les machines seront de plus en plus en mesure de réaliser les tâches répétitives et sans valeur ajoutée. Ainsi, l’être humain pourra se concentrer davantage sur les tâches valorisantes de son métier.
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Et en plus, nous avons créé avec Microsoft et d’autres entreprises le collectif « Impact IA », dédié à l’éthique et à l’impact de l’intelligence artificielle, qui regroupe des entreprises et startups pour échanger sur les tendances de l’IA dans les différents métiers. Le but de ces discussions est de partager nos points de vue et d’analyser les interactions entre la technologie et l’humain : à chaque fois qu’une technologie évolue, elle sollicite le capital humain, c’est un mouvement permanent. C’est un facteur à prendre en compte pour une entreprise qui souhaite rester concurrentielle. Notre réflexion s’inscrit dans le cadre du plan national pour faire de la France la nation de l’intelligence artificielle.