IA dans le secteur banque et assurance : le défi du passage à l’échelle
Mercredi 27 mars matin, des experts et acteurs de la finance et de l’assurance sont venus échanger autour du passage à l’échelle des projets data et intelligence artificielle chez Microsoft France. Une thématique qui a attiré plus de 200 participants.
Laurence Lafont, directrice générale marketing et opérations de Microsoft France, et Philippe Canonne, directeur du secteur banque et assurance, ont introduit cette matinée de discussions en précisant les grands engagements de Microsoft sur l’IA. Ils ont par ailleurs rappelé les principes du modèle économique en BtoB de Microsoft (basé sur le service et « l’empowerement » des clients), la criticité de la propriété des données et de leur sécurisation, et l’importance capitale l’éthique et du développement des compétences concernant l’IA. S’en est suivi une série de sessions avec des experts incontournables du secteur financier (économiste, « startupeurs », banquiers et assureurs et venture capital) qui ont présenté à tour de rôle leur retours d’expériences, visions et projections sur la transformation qui est en train de s’opérer dans tout l’écosystème grâce à l’IA. Retour sur les temps forts.
L’émergence de stratégies et projets IA , leviers d’une croissance future
Philippe Waetcher, chef économiste de Natixis Asset Management, a donné, pour commencer son intervention, sa vision sur les enjeux macro-économique du numérique. Pour lui, les Etats-Unis et la Chine réunissent à eux deux les grands champions du digital, ce qui pose une double question à la fois sur le retard pris par l’Europe et sur la dépendance de nos économies face à cette suprématie. Il a ensuite mis l’accent sur l’impact du numérique dans les différents secteurs d’activité, dont celui de la finance, en démontrant que ces nouveaux projets n’avaient pas encore d’effets majeurs sur la productivité de nos entreprises. Néanmoins, dans un environnement où la croissance est faible, ces nouvelles technologies possèdent un vrai potentiel pour améliorer la performance économique de nos entreprises sur le long-terme.
Paul-Henri Chabrol, directeur des programmes IA chez AXA, a poursuivi les débats avec un retour d’expérience concret sur le déploiement en cours d’un projet d’agent conversationnel dans une dizaine de pays du Groupe. Un vrai projet d’IA – l’un des premiers qui dépasse réellement l’échelle du proof-of-concept au sein d’un grand groupe – s’appuyant sur les technologies IA de Microsoft Azure, et présentant trois grands atouts principaux : 1) le gain en efficacité et en scalabilité lié à l’usage de l’IA et du Cloud, 2) l’amélioration de la satisfaction client liée à la disponibilité permanente de ces agents conversationnels et 3) la rationalisation de la multiplicité des points de contacts. Paul-Henri Chabrol a ensuite insisté sur la nécessité d’engager une logique partenariale pour réaliser ce type de projet innovant, afin de gagner en compétences, en agilité, et en scalabilité.
S’est ensuite posé la question : au-delà de la l’aspect technique, quels sont les clés du succès de ces projets d’intelligence artificielle au sein des entreprises ?
Pour Pierre Blanc, associé fondateur du cabinet Athling, il existe trois critères majeurs : « D’abord, le PDG doit être le 1er ambassadeur : s’il ne s’investit pas sur ce point, les équipes opérationnelles de la banque ne l’adopteront pas du tout. Ensuite, il est essentiel d’établir un plan dès le départ, avec une ambition qui se traduit en projets concrets s’appuyant sur le déploiement de technologies. Et enfin, il faut observer le terrain, regarder ce qui se produit au sein des équipes. Parfois on croit connaître les métiers mais le quotidien peut être tout autre » Il faut intégrer cet élément pour obtenir la bonne adhésion des équipes à la technologie et maximiser ses chances de succès. »
Pierre Blanc est également revenu sur la notion de ROI évoquée plus tôt par Philippe Waechter, en indiquant également que les bénéfices n’étaient pas encore réellement perceptibles (à l’échelle macro-économique) dans les entreprises, car le déploiement de ces technologies est encore très récent.
« Comme toute innovation et révolution industrielle, le temps est nécessaire avant que les effets soient clairement bénéfiques et palpables. » – Pierre Blanc
L’IA comme levier de partenariat stratégique pour la croissance des startups et grands groupes.
Lors de la table ronde, Nicolas Meric, CEO de DreamQuark, Thierry Noël, business performance analytics manager chez BNP Paribas Wealth management, Christophe Bourguignon, CEO & co-fondateur de Zelros, Olivier Bousquet, responsable innovation technologique de chez CNP Assurances ont partagé leur expérience de travail entre start-up et grands groupes. Que ce soit lors de la collaboration entre DreamQuark et BNP Paribas Wealth management ou entre Zelros et CNP Assurances, tous ont souligné l’importance des rapports humains et de la prise en considération des modes de fonctionnement propres à chacun pour faire aboutir les projets. En effet, les modalités et temporalités de décisions ne sont pas les mêmes entre les startups et grands groupes. Afin de collaborer au mieux et de gagner en time to market, il est donc primordial d’impliquer dès le début l’ensemble des directions concernées au sein des grands groupes, comme l’a souligné avec justesse Nicolas Meric :
« Notre collaboration a bien fonctionné car BNP Paribas Wealth management connaissait le fonctionnement d’une start-up et ses contraintes. La relation a tout de suite été facilitée et c’est très appréciable. De plus, ils nous ont exposé dès le départ leur ambition. Nous savions que nous n’allions pas travailler uniquement sur le pilote mais que nous allions accomplir ensemble la totalité du projet. Et ça, ça change tout ! »
Des compétences et formations encore trop rares
Jean-Paul Mazoyer, directeur général du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, a ensuite présenté le rôle important joué par le Crédit Agricole pour développer les entreprises et collectivités de son territoire grâce au numérique. Une économie locale qui se voit transformée grâce à des « success stories digitales », comme celle de Voltaire Design qui exporte ses selles de cheval connectées du pays basque vers… les Etats-Unis ! Jean-Paul Mazoyer a ensuite annoncé la toute dernière initiative de la Caisse du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne : le financement de l’école IA de Microsoft et Simplon dans la région.
« Nous finançons cette formation car elle favorise l’accès aux compétences et l’attractivité du territoire. Nous travaillons avec les entreprises qui s’engagent à recruter ces élèves à l’issu de leur scolarité. De plus, c’est un investissement qui nous paraît nécessaire car nous sommes convaincus que l’IA sera partout demain, peu importe les domaines. » – Jean-Paul Mazoyer, Crédit Agricole Pyrénées Gascogne
Une formation qui est absolument nécessaire, d’autant plus que les compétences en IA sont encore rares et qu’il y a un déficit de ressources dans la plupart des secteurs d’activité, dont ceux de la Finance.
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Des AssurTech et FinTechs qui font de l’IA une priorité
Gabrielle Thomas, Venture-Capital Investment Manager chez Blackfin, et Florian Graillot Founder de Astorya VC, ont alors démontré que la France avait le potentiel pour devenir une véritable « start-up nation ». Preuve en est : la France est désormais le 2e pays comptant le plus de start-ups en Europe. Le secteur de la finance et de l’assurance est particulièrement actif, avec 600 FinTechs et AssurTechs sur toute l’hexagone.
Leurs propositions de valeur sont nombreuses. Et souvent appuyées par l’IA. Dans le domaine de l’assurance, les start-ups semblent se positionner sur quelques sujets prioritaires, comme la personnalisation des produits d’assurance, l’amélioration de la gestion des sinistres et la capacité à proposer le produit le plus adapté au besoin client. Côté FinTechs, le KYC, la détection de fraude, la Cybersécuité et l’amélioration de l’expérience client arrivent en tête de gondole.
Une IA inclusive et éthique
Cette matinée a également été l’occasion de présenter les solutions technologiques de Microsoft Azure Cloud dans le domaine de l’IA en prenant comme prisme l’inclusion. Des démonstrations ont notamment permis de comprendre comment les services cognitifs et le machine learning pouvaient aider les mal voyants ou les personnes atteintes de troubles de socialisation et de communication pour améliorer leur quotidien.
A voir sur ce sujet :
- Présentation de l’application « Seeing AI »
- Helpicto : Mieux communiquer grâce à l’intelligence artificielle
Pour clôturer la journée, Cathy Mauzaize, Directrice Générale en charge des Grands Comptes de Microsoft France, a mis en l’accent sur les grands projets de passage à l’échelle sur l’IA menés par Microsoft dans de nombreux secteurs d’activité, comme dans l’automobile avec le partenariat stratégique Renault-Nissan pour créer des voitures connectées, ou bien avec Publicis pour créer une plateforme d’Intelligence artificielle. Des projets à la fois innovants et éthiques, qui symbolisent l’engagement de Microsoft pour développer une IA de confiance et sécurisée répondant aux enjeux métiers et de tiers de confiance du secteur financier.