La révolution HoloLens en salle d’opérations
Une révolution. Une première mondiale qui marque l’entrée de la médecine dans une nouvelle ère : une opération de l’épaule, où le chirurgien était assisté de HoloLens pendant son intervention.
« La prothèse d’épaule nécessite une chirurgie particulièrement délicate car l’épaule est une articulation complexe, qui nécessite un placement parfait de la prothèse » explique le docteur Thomas Grégory, chef du service de chirurgie orthopédique de l’hôpital Avicenne AP-HP. « Pour qu’une prothèse soit efficace, il faut qu’elle soit posée très précisément ». Pour cela, les médecins doivent pouvoir identifier l’os en entier, alors qu’une grande partie de ce dernier reste masquée dans le thorax.
HoloLens : une aide précieuse pour les médecins
D’où le recours à HoloLens. Grâce à l’ordinateur holographique autonome, le docteur Grégory a pu mieux préparer l’opération et déterminer le meilleur positionnement de la prothèse au regard de l’anatomie du patient. Mais le principal bénéfice se présente pendant l’opération : le chirurgien avait accès, sous forme holographique, à l’ensemble du squelette du patient. Ce qui lui a permis de positionner parfaitement la prothèse, visualiser en hologrammes les modélisations 3D de l’anatomie de son patient, et accéder à des données médicales et des tutoriels interactifs.
« On avait à disposition tous les éléments nécessaires pour sécuriser l’acte chirurgical, et pour être le plus précis possible afin de mettre cette prothèse à notre patient. À tout moment on pouvait comparer ce qu’on devait faire avec ce que l’on faisait réellement, et ajuster nos mouvements ou la position du patient », explique le docteur Grégory.
Des informations utiles, voire indispensables, « comparables à celles dont bénéficie un pilote d’avion. Désormais, les chirurgiens aussi bénéficient d’un cockpit, d’instrumentation, d’informations. Le succès de l’intervention chirurgicale n’est plus uniquement dépendant de mon expertise. »
Des informations médicales accessibles à tout moment
« On est au début d’une aventure qui a un vrai intérêt médical : standardiser une intervention, diminuer le risque d’erreur. (…) Pour le patient, ça amène une sécurité incroyable » se réjouit le docteur Grégory. Qui poursuit : « la grande innovation, c’est que le chirurgien n’est plus tout seul au bloc. Avec HoloLens, j’ai accès à l’imagerie, donc aux données du patient, à la demande. Je vois ce que mon œil seul ne peut pas voir : squelette, muscles, tendons, artères… ».
HoloLens est donc le seul outil capable de donner accès à des informations médicales supplémentaires de manière si précise et si intuitive. Et dans un environnement stérile, dont sont exclus les ordinateurs classiques, avec claviers et souris.
« Pour un médecin, c’est assez intuitif de se déplacer autour d’un patient virtuel, de « rentrer », toujours virtuellement, à l’intérieur de son corps, de se déplacer…. Cette prise en main aisée facilite l’opération, » explique Gaël Kuhn, Director of Product Management de TeraRecon, qui a co-piloté avec le partenaire Vizua3D, la mise à disposition dans le cloud des fichiers anatomiques nécessaires à l’opération chirurgicale.
Assisté par des chirurgiens du monde entier
Ces fichiers étant accessibles partout, le chirurgien peut désormais se faire aider d’autres spécialistes, quelle que soit la distance qui les sépare de la salle d’opération. Pendant l’intervention de décembre, le docteur Grégory était ainsi conseillé et épaulé par quatre autres médecins qui l’assistaient en temps réel depuis Londres, la Corée du sud, la Louisiane et la Pennsylvanie !
« Ils voyaient tout ce que je voyais et pouvaient même mettre des hologrammes dans mon champ de vision afin de m’aiguiller. Le chirurgien n’est plus seul », s’enthousiame le docteur Grégory. « Au moindre problème, il peut s’appuyer sur des personnes, à l’extérieur du bloc opératoire. C’est une étape déterminante dans notre travail et une grande avancée. »
Autre intérêt : réutiliser les films tournés par les caméras d’HoloLens pendant l’opération. Les chirurgiens pourront ainsi les étudier pour affiner les protocoles ou acquérir de nouvelles techniques et compétences. Quant aux réunions pluridisciplinaires (les « staff » quotidiens ou hebdomadaires), désormais immersives, elles permettront aux équipes médicales et soignantes de visualiser les enjeux et les difficultés d’une opération afin d’améliorer encore les futurs traitements.
Des médecins mieux formés, des patients mieux informés
« HoloLens permet aussi d’éduquer un patient sur sa pathologie : où elle se trouve, comment on va l’opérer, etc., de façon très claire et très compréhensible. Cela permet de remettre les patients au centre, de les aider à devenir de véritables acteurs de leurs parcours de soin. Cela va aussi améliorer la formation des étudiants en médecine, qui pourront se confronter à l’anatomie de manière immersive, donc plus réaliste. On est au début d’une révolution » se réjouit Gaël Kuhn.
Des opérations chirurgicales plus précises et moins invasives, une meilleure formation des étudiants en médecine, des opérations menées par plusieurs spécialistes, même à distance et des patients mieux opérés et mieux informés : oui, une révolution.