Droit à la déconnexion : c’est moi qui décide
Même s’il ne s’agit pas bien entendu de nier le droit à la déconnexion en général, je revendique néanmoins le droit à la connexion, le droit d’avoir accès à des outils de productivité efficaces et collaboratifs - Carole Benichou, Office Division Lead au sein de Microsoft France
Carole Benichou
Je le reconnais sans rougir, je suis plutôt très, certains diront trop, connectée, et à de nombreux d’outils, mais je pense qu’ainsi je travaille mieux et surtout j’ai la possibilité de pouvoir m’organiser et d’optimiser l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Il y a un peu plus d’un an, alors que je passais encore des entretiens pour le poste que j’occupe aujourd’hui, un de mes interviewers chez Microsoft m’a dit : « Office c’est de la productivité, ce n’est pas le sujet le plus glamour et ça ne déchaîne pas les passions de ses utilisateurs… ».
Je me souviens de mon étonnement déjà, pour moi c’est tout le contraire ! J’ai 3 enfants, et comme beaucoup d’entre nous un boulot certes passionnant mais aussi très exigeant et 1 heure gagnée dans la semaine, c’est 1 heure de plus passée avec mes enfants, au yoga, ou à regarder le dernier épisode de The Walking Dead…
Alors que 75% des cadres avouent consulter leurs emails pendant leurs week-ends et leurs congés ils sont en même temps 82% à juger cet accès permanent négatif. Faut-il alors stopper les serveurs des entreprises françaises au-delà d’une certaine heure ? Est-ce possible pour une multinationale ? Que se passe-t-il lorsque je voyage ?
Personnellement, je suis pour « l’empowerment », l’autonomie et le libre arbitre. Certes, les entreprises ont besoin de règles, on ne peut pas solliciter ses collaborateurs et attendre leur réponse durant leurs week-ends, sauf urgence exceptionnelle, mais je veux pouvoir me connecter, travailler à mon rythme, avec l’ensemble des outils proposés par mon entreprise, ou faire le choix de ne pas me retrouver submergée d’urgences à mon retour de congés.
Je veux avoir dans ma vie professionnelle, à l’instar de ma vie personnelle la possibilité d’être connectée et de mixer l’ensemble des outils de productivité : le mail, le chat, les réseaux sociaux, le partage d’information sous toutes ses formes, … je veux pouvoir bénéficier d’un environnement de travail productif et collaboratif. En somme, à l’ère du droit à la déconnexion, je souhaite revendiquer un droit à la connexion où je veux, comme je veux et quand je veux.
La connexion et l’accès à la technologie en entreprise n’est plus une histoire de geek, où alors nous le sommes tous devenus. L’usage quotidien de ces nouveaux outils de productivité fait qu’aujourd’hui j’aurais probablement du mal à revenir en arrière.
« 1 millenial sur 2 est prêt à quitter son poste si la technologie n’est pas conforme à ses attentes »
Les outils de travail collaboratif sont devenus aujourd’hui un élément majeur de l’évolution des organisations vers un modèle d’entreprise libérée. Les concepts d’holacratie qui commencent à être étudiés dans les écoles font partie des attentes des nouveaux recrutés qui arrivent dans le monde de l’entreprise.
Une étude de Dell sur les attentes en matière de technologie au travail confirme d’ailleurs l’importance de ces nouveaux outils : chez les millenials, un actif sur deux se dit prêt à quitter son poste s’il estime que la technologie fournie par l’employeur n’est pas conforme à ses attentes. Et chaque dirigeant d’entreprise doit considérer ce sujet sérieusement : 38% des salariés français estiment que la technologie mise à leur disposition au travail n’est pas assez smart, qu’elle est trop ancienne, ou trop peu évolutive, ou pas assez adaptée aux usages d’aujourd’hui…
Une insatisfaction qui s’explique notamment par le hiatus entre les outils utilisés par les collaborateurs dans leur vie privée et ceux utilisés dans leur travail. Lever cette barrière c’est donc aussi attirer (et garder) toute une nouvelle génération de talents. Une génération pour laquelle le droit à la connexion est revendiqué et n’est (souvent) pas négociable !
Tribune initialement publiée sur LinkedIn