Former aux compétences numériques, un enjeu majeur pour l’emploi
Où sont les professionnels du numérique ? Alors que le domaine est frappé de pénurie, la capacité de se former et d’apprendre tout au long de sa vie est un enjeu majeur. Former, inspirer, embaucher… c’est parti !
C’est une nouvelle pratique, importée du monde des rendez-vous amoureux pour s’appliquer à celui du travail : le ghosting, soit des candidats qui ne se présentent pas au rendez-vous, ayant trouvé mieux ailleurs entre temps. Signe que certains métiers du numérique sont particulièrement recherchés, le turnover n’épargne personne : même l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’informations (Anssi), administration pourtant prestigieuse, doit recruter le triple d’experts pour augmenter son effectif d’une quarantaine de postes par an, « turnover oblige ! », confie sa cheffe de division des ressources humaines au magazine L’Usine Nouvelle.
Pénurie de compétences numériques…
En matière de pénurie de compétence, la cybersécurité est particulièrement touchée. Au niveau mondial, il pourrait y avoir 3,5 millions de postes non pourvus dans le domaine d’ici 2021, prévoit le magazine spécialisé Cybersecurity Venture. En France, on estime que seulement 25 % des offres étaient pourvues, selon les chiffres de Pole Emploi, « pour cause de manque de candidats ou de professionnels qualifiés ».
Le constat est le même pour le domaine du numérique au sens large, avec un véritable enjeu de compétitivité sur le long terme pour les entreprises. « Le développement économique et l’innovation sont freinés par le manque de compétences numériques », explique ainsi Béatrice Matlega, experte en compétences numériques et éducation au sein de Microsoft France. Selon Pôle Emploi, au moins 80 000 emplois du domaine du numérique seraient non pourvus (selon des chiffres de 2017 publiés en 2019).
Même son de cloche côté recruteurs. Selon Inops, réseau des experts du numérique : 99 % des entreprises interrogées cherchaient à embaucher en 2020 mais 66 % se déclaraient victimes d’une pénurie d’experts numériques. Un frein à la croissance, à l’innovation et à l’inclusion.
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… et de représentativité
Des métiers pourtant « accessibles à tous les publics, de l’infra bac au bac +4/5 », souligne-t-on du côté de Pole Emploi. Une donnée importante puisque la question de l’employabilité est un facteur d’inclusion, rappelle l’experte Microsoft : « Ces compétences et emplois ne sont pas réservés à une élite ou aux hommes. Le risque aujourd’hui est d’aggraver la fracture numérique. Il est nécessaire de lutter contre ce phénomène en formant au numérique à tous les âges de la vie. ». Une piqure de rappel loin d’être anodine : dans le secteur de l’informatique, seul 28 % des employés sont des femmes, en baisse depuis les années 2000 (30%), selon une étude publiée en 2019 par l’INSEE.
Un problème qui, au-delà du développement de l’industrie, impacte le développement des technologies. Alors que l’IA prend de plus en plus de place dans le processus de décision de notre vie quotidienne (justice, santé, entretiens d’embauche, examens, etc.), il est essentiel que la diversité de la société soit représentée dès l’étape de conception des algorithmes, pour éviter de perpétrer les biais racistes et sexistes.
Alors, c’est grave docteur ? Non, car le traitement est connu et facile à mettre en place : il faut former aux compétences numériques.
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Former aux moments-clés de la vie
« Pour tous ces métiers, le socle commun est la capacité à apprendre de nouveaux savoirs tout au long de sa carrière », souligne Germain Ageorges, chargé de mission numérique pour Pôle emploi Paris. « Les évolutions technologiques, les langages informatiques évoluent sans cesse. Dans ce contexte, les compétences comportementales, les fameuses « soft skills » (la capacité à travailler en groupe, la résistance au stress…), sont indispensables. Et plus les métiers vont devenir techniques et technologiques, plus les compétences humaines seront prisées pour réussir à mettre ces technologies au service de l’humain. »
C’est tout l’enjeu de la formation continue. Proposer des formations certifiantes à tous les âges de la vie, pour compléter des savoirs, doper l’employabilité et offrir une deuxième chance. « Nous nous concentrons sur trois temps en particulier, explique Béatrice Matlega. (i) L’enfance pour acculturer les écoliers au numérique, (ii) les études supérieures pour permettre aux étudiants d’acquérir les compétences qui sont recherchées sur le marché de l’emploi, et (iii) tout au long de la vie professionnelle avec des formations variées pour embarquer les personnes en reconversion ou sans diplômes. »
Avec un enjeu essentiel : permettre à tous d’étoffer des compétences numériques qui seront encore plus recherchées ces prochaines années. « Nous vivons dans une société de plus en plus digitalisée. Notre mission est de lutter contre la fracture numérique. Former aux compétences numériques permet une plus grande inclusion des citoyens, une meilleure compétitivité des entreprises et, au final, une meilleure résilience de toute la société », note l’experte.
Monter en compétences dans un monde toujours plus numérique
Si l’État soutient les formations labellisées, chaque entreprise et établissement, aussi, son rôle à jouer pour faire grandir ss talents Pour les accompagner, Microsoft a développé une plateforme de formations certifiantes pour former aux métiers IT qui utiliseront le Cloud. Une formation pointue pour des métiers de plus en plus spécialisés, avec des compétences propres. Disponible en ligne, elle permet à chacun de se former à son rythme. Pour les entreprises, cette formation un bon moyen de garder les talents et de rester compétitives sur des compétences très recherchées, et pour les établissements d’être plus compétitif et attrayant
Cet enjeu commence même dès les études supérieures, qui doivent aujourd’hui préparer les étudiants à intégrer une entreprise avec les bonnes compétences et les bonnes connaissances des technologies utilisées. C’est toute la démarche de l’EFREI qui s’appuie sur l’acquisition de certifications Microsoft pour former et préparer ses étudiants à l’utilisation de technologies déployées en entreprise.
Microsoft s’est également associé à Simplon pour des formations professionnalisantes à destination des demandeurs d’emploi. Depuis 2018, plus de 20 Ecoles IA Microsoft by Simplon ont ouvert sur le territoire. Ce programme composé d’une formation intensive de 7 mois à l’intelligence artificielle puis d’un contrat de professionnalisation de 12 mois, permet désormais l’obtention d’un titre à finalité professionnelle équivalent au bac +3. Objectif pour Microsoft : former 1000 apprenants d’ici 2022. Un nouveau cursus autour du développement cloud est désormais disponible.
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Inspirer
Former, c’est bien. Inspirer, c’est mieux ! Si le domaine du numérique s’offre un lifting pour se défaire de son image de geek, il faut montrer dès le plus jeune âge que le code, c’est fun ! « Il faut éduquer les petits au code mais aussi aller plus loin en faisant intervenir des salariés qui vont parler de leurs métiers », propose Béatrice Matlega. L’experte souligne ainsi deux initiatives, à même d’inspirer de futures vocations :
1. Hour of Code, une initiative à but non lucratif et soutenue par Microsoft, lancée en 2013 pour encourager les élèves à s’initier à la programmation informatique. Dans des environnements ludiques comme Scratch ou Minecraft, les apprentis développeurs résolvent des exercices pour comprendre quelques principes de programmation (boucles, principes, etc.). Avec Dance Party par exemple, les élèves peuvent programmer leurs troupes de danseurs. En 2020, 68 242 événements Hour of Code ont été organisés dans 180 pays, dont 124 en France.
2. Minecraft : Education Edition, une version de Minecraft dédiée à l’Education.
Le numérique peut être un outil pédagogique efficace. Ainsi Béatrice Matlega prend l’exemple d’un professeur qui a invité sa classe à reconstruire une cité antique sur Minecraft.
Cela a permis d’aborder l’histoire, les mathématiques pour reconstruire à l’échelle, mais aussi d’enseigner les soft skills, notamment en demandant aux enfants de collaborer en groupe sur différentes briques d’un projet commun.
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Enfin, la formation aux compétences numériques et aux nouvelles technologies est une formidable opportunité pour les personnes en recherche d’emploi. Pour améliorer leur employabilité, Microsoft a lancé la Global Skills Initiative. Objectif : aider 25 millions de personnes dans le monde à obtenir les compétences recherchées alors que la pandémie de Covid a redessiné les besoins des entreprises.
Changement de paradigme
A compétences fluides, embauches plus souples. La Silicon Valley a été précurseur en la matière : l’importance n’est pas le diplôme, mais la capacité d’un employé à apprendre et s’adapter. Dans une France réputée attachée à ses diplômes, la bascule semble être en marche. « Il y a un shift, assure Béatrice Matlega. Plutôt des diplômes qui répondent à des besoins à un instant T, on recherche désormais des compétences et des personnes capables d’apprendre à apprendre tout au long de leur vie. »
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Crédit photo : Ben White / Unsplash