Richard Branson : « J’ai eu la chance d’apprendre très tôt à déléguer »
Que se passe-t-il dans la tête d’une icône de l’entrepreneuriat comme Sir Richard Branson ? Le fondateur du groupe Virgin s’est exprimé lors de l’évènement Microsoft Business Forward.
Il est entrepreneur, pilote, écrivain, investisseur, producteur de cinéma… Dans sa vie, Sir Branson a défié les géants Coca-Cola et Pepsi, signé des contrats avec les Rolling Stones, ouvert des mégastores sur les Champs-Elysées, à Times Square, Tokyo ou Dubaï.
Richard Branson est connu partout dans le monde grâce au groupe Virgin, qui regroupe des activités qui vont du transport aérien à la finance, en passant par l’agro-alimentaire ou même le tourisme spatial. Avec une fortune estimée à près de 4 milliards de dollars, il a été identifié comme la 261e personne la plus riche du monde par le magazine Forbes en 2009.
Aujourd’hui, Richard Bran veut envoyer des gens dans l’espace et employer sa fortune pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur.
Le britannique, qui a été fait chevalier par la Reine Elisabeth II en 1999, était l’invité de l’évènement Microsoft Business Forward le 21 février 2019, au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux. À cette occasion, il a partagé avec le public les enseignements qu’il a tirés de ses expériences les plus marquantes.
« Quand je me suis lancé, il y a 50 ans, le mot entrepreneur n’existait pas encore »
Dans les années 1960, alors qu’il n’a que 16 ans, Richard Branson quitte l’école après un parcours médiocre pour lancer Students, un magazine faisant campagne contre la guerre du Vietnam. « Comme la plupart des jeunes dans les années 1960, je pensais que c’était une guerre injuste. Quand j’ai créé cette revue, je ne me suis pas demandé quelle activité je pourrais imaginer pour gagner de l’agent, explique-t-il. Mon projet avait un véritable but. » C’est la première leçon que nous retenons des propos de l’entrepreneur : avoir toujours un objectif autre que financier.
« Ma plus grande satisfaction ? Accomplir ce qui n’a jamais été réalisé. »
Autre anecdote riche d’enseignements, celle de la création de Virgin Airlines. « Je cherchais à rejoindre les Îles Vierges depuis Porto Rico, se rappelle-t-il. Ma petite amie m’y attendait, je ne l’avais pas vue depuis 3 semaines et j’étais bien déterminé à la retrouver le soir-même. Seulement, American Airlines a décidé de supprimer mon vol. Je suis alors allé voir tous les passagers qui, comme moi, n’avaient pas pu prendre cet avion pour leur proposer un autre vol. Tout le monde a accepté et c’est comme ça que j’ai rempli mon premier avion. »
Dès le lendemain, Richard Branson se rend chez Boeing pour acquérir des avions de seconde main. Nous sommes en 1984 et Virgin Airlines est né.
« J’ai dû apprendre très tôt l’art de la délégation »
« Je suis dyslexique, poursuit l’entrepreneur. Cela veut dire que je ne peux pas tout faire moi-même. La trentaine à peine entamée, je suis devenu un très bon délégateur. Je montais un nouveau business, trouvais une super équipe pour le faire tourner, passais trois mois avec eux avant de remonter à bord du bateau sur lequel je vivais à l’époque. »
Pour Richard Branson, ce mode de fonctionnement permet de se concentrer sur une vision plus stratégique : « Mes équipes s’occupaient des problèmes quotidiens tandis que je pouvais penser à la big picture. »
« Beaucoup d’entrepreneurs à la tête de grosses entreprises ne savent pas déléguer, analyse-t-il. Pourtant leur vie serait bien plus agréable s’ils comprenaient que d’autres peuvent parfois faire les choses mieux qu’eux. C’est en déléguant qu’on peut garder du temps pour soi, pour mieux vivre et être bien dans sa peau. »
« Je ne vois pas d’intérêt à reproduire un business qui existe et fonctionne déjà »
Dans chaque secteur qu’il investit, Richard Branson se positionne comme un disrupteur : « Dans une certaine mesure, c’est plus facile d’arriver en tant qu’underdog et de venir secouer des grosses entreprises un peu endormies sur leurs lauriers. Par contre, je ne vois pas d’intérêt à essayer de dupliquer un business existant qui tourne bien. Je ne vais jamais chercher à concurrencer Microsoft, par exemple », plaisante-t-il.
Le britannique cite l’exemple du secteur de la croisière. « Je n’avais jamais fait de croisière, et je n’avais jamais eu l’envie d’en faire, indique-t-il. Mais, un jour, je me suis dit qu’il y avait là une opportunité, celle de bâtir un bateau de croisière sur lequel des gens qui partagent ce manque d’attrait auraient envie d’aller. J’ai réuni mes meilleures équipes, des gens venus de partout dans le monde, nous avons dessiné notre offre de croisière et Virgin Voyage a vu le jour. »
« Dream big »
L’obsession du moment de Sir Richard ? L’espace.
« En 1966, quand j’ai regardé les premiers pas de Neil Armstrong sur la lune sur une télé en noir et blanc, comme tous les adolescents de l’époque, je me suis dit qu’un jour ça serait moi, se remémore Richard Branson. Les décennies ont passé et le manque d’investissement des gouvernements m’a fait réaliser que, si je m’en remettais à eux, je n’irais jamais dans l’espace. »
En 2004, l’entrepreneur enregistre la marque Virgin Galactic. « J’ai parcouru le monde pour trouver les ingénieurs de génie, ceux qui pourraient construire des vaisseaux spatiaux. Nous sommes passé par toutes les phases, joie et larmes, et en décembre 2018 nous avons envoyé dans l’espace le premier astronaute américain depuis 2011.
Pour autant, le rêve de Richard Branson est loin d’être égoïste : « Certains veulent conquérir l’espace pour y bâtir de nouvelles civilisations. Ce n’est pas notre but. Nous, nous voulons utiliser l’espace pour améliorer les choses ici, pour rendre la Terre meilleure. »
L’hyperloop, pour faire la différence dans le futur
Parmi les autres projets de cet esprit bouillonnant figure l’hyperloop, un pod capable de transporter objets et personnes à des vitesses extraordinaires, jusqu’à plusieurs centaines de km à l’heure. « Imaginons que l’on atterrisse à l’aéroport de JFK à New-York et qu’on veuille se rendre à La Guardia. Grâce à l’hyperloop, la transition se fait en quelques minutes, on économise alors plusieurs heures de route en dehors de la ville, c’est un gain énorme », s’enthousiasme-t-il.
En conclusion de son intervention, Richard Branson revient sur l’échec de Virgin Cola. Pour lui, même si son produit était meilleur que celui de ses concurrents, s’il n’a pas survécu à la guerre commerciale, c’est parce qu’il n’était pas assez différenciant. Une leçon apprise dans la douleur mais qui, aujourd’hui, fait partie des enseignements les plus importants que peut nous livrer l’entrepreneur. Enfin, pour finir sur une note stimulante, nous retiendrons l’une des citations favorites de l’entrepreneur : « screw it, let’s do it ! »
Les 5 grandes leçons à retenir de l’intervention de Sir Richard Branson :
- Dream Big
- Apprenez l’art de la délégation
- Disruptez des secteurs ou des business perfectibles
- Soyez novateurs
- Amusez-vous