« Les fondamentaux de la transformation numérique de Radio France sont posés »
France Bleu, France Culture, France Info, France Inter, France Musique, FIP ou encore Mouv’… En 2016, Radio France a rassemblé 14,5 millions d’auditeurs quotidiens sur ses différentes antennes, se positionnant comme le premier groupe radiophonique français.
Mais comment cet établissement public, qui compte plus de 4 500 salariés et 140 métiers différents – des personnels d’antenne aux techniciens en passant par les journalistes –, mène-t-il sa transformation numérique ? Quelles sont ses priorités ? Ses projets pour demain ? Patrick Fasso, Directeur des moyens techniques de Radio France, a répondu à nos questions.
Patrick Fasso
Directeur des moyens techniques, Radio France
Où en est Radio France de sa transformation numérique ?
Patrick Fasso : Aujourd’hui, je dirais que les fondamentaux sont posés. Et nous sommes désormais en phase d’accélération.
La transformation numérique de Radio France repose sur deux grands axes : l’axe « contenus » (l’ensemble des ressources qui contribuent à la production dans l’ensemble des déclinaisons dans le contexte du média global) et l’axe « moyens » (l’ensemble des moyens mise au service de ces productions).
Pour la partie moyens « techniques », notre ambition est d’accompagner cette transformation vers le média global, qui accompagnera nos auditeurs et nos publics dans ses différents moments du quotidien, et aussi nous permettre de s’ouvrir à de nouveaux publics qui n’ont pas l’habitude d’écouter la radio de manière « traditionnelle ».
L’enjeu est donc de rester à la pointe sur notre cœur de métier historique, l’audio, tout en intégrant la dimension audiovisuelle et numérique à notre offre.
Concrètement, nous construisons des moyens audiovisuels (nouveaux studios, nouveaux lieux de production), nous offrant la capacité de réaliser sur certaines matinales de véritables séquences TV, qui sont visibles en direct sur Internet, puis déclinées ensuite aux usages numériques pour une meilleure diffusion, en particulier sur les réseaux sociaux.
Et côté métier ?
Côté métier, nous devons transformer les environnements de travail utilisateurs en nous appuyant par exemple sur l’offre Microsoft 365, qui inclut Windows 10, Office 365 et Enterprise Mobility + Security. Aujourd’hui nous couvrons environ 85% des 4 500 collaborateurs avec cette solution globale. Bien sûr, tous n’utilisent pas la totalité des services proposés ; c’est nécessairement diversifié.
Les usages et l’appropriation se déclinent différemment : chez France Bleu, dont les locaux sont répartis sur l’ensemble du territoire national, l’utilisation massive de Skype pour échanger entre deux stations ou pour les réunions avec le siège à Paris est devenue un standard
Chez France Inter, la rédaction et la direction vont préférer aborder les nouveaux outils sous l’angle du partage collaboratif, pour mettre en commun un certain nombre d’informations indispensables au bon fonctionnement de la rédaction
Pour le Groupe Radio France, et sous le pilotage de la Direction de la communication, nous avons développé le nouveau portail intranet sur les bases modules de la suite Office 365.
Comment cette évolution est-elle vécue en interne ?
Radio France est une grande maison, avec une diversité de métiers assez exceptionnelle. Et nous prenons cela en compte dans tous les projets que nous lançons : ce qui peut marcher dans tel service ne marchera pas forcément dans tel autre de la même manière.
En conséquence, les accompagnements doivent être différents, adaptables. Cette démarche est fondamentale à la bonne réussite de l’appropriation.
Pour ce type d’outils, je pense que la formation protocolaire « classique », c’est-à-dire basée sur les mêmes modules pour tous, proposée à l’occasion d’un séminaire ou d’un atelier trop théorique, montre ces limites.
En amont, il me paraît indispensable d’aller voir les situations d’usages concrètes, d’échanger avec les utilisateurs. Comment un journaliste de France Inter utilise-t-il Office dans son travail par exemple ? Est-ce qu’il utilise telle fonctionnalité, plutôt telle autre ?
Une fois les outils déployés, il y a la nécessité d’un vrai accompagnement de proximité, personnalisé pour répondre aux usages.
Au global, je dirais que le projet de transformation numérique est bien reçu. Nous avons des retours très positifs concernant la mobilité, qui était un sujet sur lequel nous étions très attendus. Car qui dit mobilité dit télétravail possible, en particulier grâce à l’accès à distance, avec Office 365, aux e‑mails et calendriers, peu importe le device, que l’on travaille depuis un ordinateur fixe de chez soi, un ordinateur portable en déplacement, ou bien sûr un téléphone ou une tablette.
Certaines entreprises publiques ont récemment fait le choix de localiser l’hébergement de leurs données présentes dans le cloud sur le territoire national. Quid de Radio France ?
Comme toutes les entreprises, Radio France a été confrontée à de nombreuses questions de la part des collaborateurs : « Où sont hébergées physiquement nos données qui sont dans le cloud ? Mes documents ? », etc. Et en tant qu’entreprise publique, nous avons aussi certaines contraintes ou obligations réglementaires spécifiques.
Aujourd’hui, une partie de l’hébergement de nos données est localisée en France. Cela répond aux questionnements des collaborateurs, à la réglementation.
En tant qu’entreprise publique, cela nous paraît normal ! L’utilisation de services hébergés est un mouvement général qui dépasse notre seul cas : beaucoup de collectivités ou d’entités publiques ’y ont également recours.
D’un point de vue technique, cela s’est fait de manière transparente, sans action à mener de notre part. Cela ne mobilise pas d’équipes en interne, ne demande pas de compétences particulières… ça aide ! C’est une vraie preuve de proximité que des partenaires comme Microsoft accompagnent ainsi les nouveaux usages et les évolutions de la réglementation.
Quels sont vos prochains chantiers numériques ?
Ils sont nombreux ! Sur l’axe contenus, nous sommes en train de plancher sur l’harmonisation des devices et sur la possibilité d’intégrer à terme une approche BYOD (le collaborateur apporte son propre équipement), ce qui est pour l’instant complexe.
Aujourd’hui, nous sommes à une répartition de 70% de postes fixes et 30% de mobiles. Nous souhaitons inverser cette tendance dans les 4 ans à venir.
On veut également poursuivre la transformation de l’environnement utilisateur, avec la mise en place de virtualisations applicatives par exemple : un utilisateur pourra alors avoir accès à son application métier depuis n’importe où, quand il le souhaite.
Enfin, on travaille également à l’arrêt définitif des systèmes de téléphonie fixe remplacés par les solutions Skype embarquées sur nos équipements mobile (ordinateurs portables, tablettes et smartphones) avec pour objectif de répondre aux nouveaux usages. Ce qui veut aussi dire faire plus appel à de la VoIP (Voice over IP), qui permet le transfert de la voix par le réseau ADSL ou fibre).
Et tous ces chantiers, nous allons les mener en parallèle de la montée en force des moyens « techniques » qui nous permettent de proposer notre offre de média global. Les deux axes sont intimement liés.